Alexandre Kauffmann, journaliste indépendant, a réalisé une immersion d’un peu plus d’un an dans l’unité spéciale de la brigade des stupéfiants, surnommée Surdoses, qui enquête sur les morts par overdose à Paris.
Il en a tiré le livre Surdose, publié aux Éditions Goutte d’Or, qui sort le 15 février 2018. Une plongée en apnée dans l’intimité des victimes, des enquêteurs et des dealers.
Un homme est mort à deux rues de chez moi. Son cadavre a été découvert par les huissiers qui venaient l’expulser pour loyers impayés. Coups de sonnette. Poings sur la porte. Appels répétés. Ils ont demandé un double des clefs à la gardienne. L’expulsion a pris un tour définitif. Chargé des premières constatations, le commissariat du 20e arrondissement de Paris a relevé la présence d’une seringue près du corps. Le parquet a aussitôt confié l’enquête au groupe Surdoses de la brigade des stupéfiants. Un membre de l’unité, en route vers l’appartement, m’a donné rendez-vous rue Jouye-Rouve.
«L’ami, t’as ce qu’y te faut?» Un jeune en survêtement, cheveux en aileron de requin, pince l’air entre ses lèvres. «Chichon, coke? », insiste-t-il alors que je m’engage dans le parc de Belleville. Les cerisiers portent déjà d’épaisses fleurs. La trêve hivernale vient d’expirer. J’aperçois le major Yvan C. qui gare son scooter devant une résidence en briques rouges. L’appel de son état-major l’a surpris au milieu d’un repas de famille. Il a abandonné les siens pour venir au plus vite. C’est la règle, les soirs d’astreinte: on peut être appelé à n’importe quelle heure aux quatre coins de la capitale. Yvan cherche un nom sur l’interphone.
— «Oui…?, fait une voix entre deux échos métalliques.
— Brigade des stupéfiants, c’est pour le décès.
— On vient vous chercher».
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