DROGUES / Il ne tient qu'à un cheveux pour que les festivaliers connaissent leurs vrais consommations

1087 participants d’un festival de musique électronique à New-York en 2016 ont répondu à un questionnaire sur leur utilisation de substances psychoactives dans l’année passée. Parmi eux, 90 ont en parallèle bénéficié d’un test biologique de dépistage capillaire.

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Les festivals de musique électronique font partie des lieux où le risque de consommation de substances psychoactives est élevé, qu’il s’agisse de substances licites ou illicites. Ces consommations sont le plus souvent volontaires mais les festivaliers ignorent parfois la réalité des produits consommés. L’émergence de nouveaux produits de synthèse (NPS, cathinones de synthèse par exemple), au côté de produits plus classiques dans ces environnements comme la MDMA, rend d’autant plus utile une évaluation des pratiques. Cette évaluation est en général réalisée par des auto-questionnaires remis aux festivaliers, complété quand cela est possible par des tests biologiques pour confirmer les données du questionnaire et détecter des consommations non intentionnelles de substances.

1087 participants d’un festival de musique électronique à New-York en 2016 ont répondu à un questionnaire sur leur utilisation de substances psychoactives dans l’année passée. Parmi eux, 90 ont en parallèle bénéficié d’un test biologique de dépistage capillaire. En considérant que le cheveu pousse en moyenne de 1cm par mois, cette méthode de chromatographie en phase liquide couplée à la spectrographie de masse permet de retracer l’utilisation réelle de substance psychoactive au cours des derniers mois.

74,4% des participants testés étaient positifs au test biologique pour la MDMA, 33.3% l’étaient pour un NPS, et, plus spécifiquement, 27,8% pour une cathinone de synthèse. Plus de la moitié des participants étaient positifs au test biologique pour des susbtances non déclarées dans l’auto-questionnaire. C’était notamment le cas pour des cathinones de synthèse (72%), la méthamphétamine (69%), un NPS stimulant (66,7%) ou un NPS psychodysleptique (60%). Plusieurs facteurs étaient identifiés car aggravant le risque d’être positif à un NPS : sortir en soirée toutes les semaines, déclarer une consommation fréquence d’ecstasy, avoir déjà accepté l’ecstasy d’une autre personne et en particulier lorsque le produit finalement consommé n’était en fait pas de l’ecstasy.

Malgré quelques difficultés logistique (recueil des cheveux, conditions météorologiques parfois difficiles dans ces festivals d’extérieur, prix du test, etc), ce mode de dépistage des consommations semble donc pertinent d’un point de vue épidémiologique. Cette étude souligne la méconnaissance importante des festivaliers sur la réalité de leurs consommations qui amoindrit la fiabilité des auto-questionnaires. Une meilleure connaissance de la réalité des consommations permettrait de mieux cibler les messages de prévention et de réduction des risques. Des campagnes spécifiques concernant la consommation non intentionnelle ou non connue de substances psychoactives paraît indispensable. Les auteurs suggèrent de transmettre les résultats de tels tests capillaires aux festivaliers eux-mêmes afin qu’ils puissent les confronter aux produits qu’ils pensent consommer.

Par Julien Cabé

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