e 8 novembre dernier, les députés ont adopté le principe d’une amende forfaitaire délictuelle sanctionnant l’usage simple de stupéfiants illicites.
Cette nouvelle peine – dans le cadre du projet de loi de réforme et de programmation 2018-2022 de la justice (art. 37) – vient s’ajouter à l’arsenal déjà substantiel de sanctions visant les consommateurs de drogues interpellés. Prévu initialement à 300 euros, le montant de cette amende sera finalement de 200 euros. À l’origine de cette modification, Éric Poulliat, député LREM de Gironde, la justifie fièrement ainsi : « Un montant trop élevé […] risquerait de se heurter à l’insolvabilité des usagers » !
Fût-ce avec une ristourne, cette mesure va totalement à contre-courant de la tendance suivie en la matière par la grande majorité des démocraties occidentales. L’usage de drogues, faut-il le rappeler, est d’abord une question de santé publique. Mais, une fois encore, la France a choisi la répression et étoffe, renforce, diversifie la réponse pénale à l’encontre des usagers, accréditant l’idée que ce serait la seule réponse possible. Alors même que cette politique a montré, depuis des décennies, son inefficacité, son risque d’atteinte aux droits humains et sa dangerosité en matière sanitaire, sans même parler de son coût exorbitant.
Qu’est-ce qui « coince » donc de façon si caricaturale dans un pays qui, avec sa politique répressive parmi les plus sévères d’Europe, se situe à la première place du continent pour le nombre de consommateurs de cannabis et à la troisième pour l’usage de cocaïne ? Comme le souligne la sociologue Anne Coppel (lire notre entretien « La politique des drogues en France est une politique policière »), il n’y a pas de réponse univoque quant aux causes de cette obstination et de ce retard français, après des décennies de « guerre à la drogue » – devenue un simple synonyme de « guerre aux usagers » – dans le monde.