DROGUES / S’inquiète-t-on de la même façon pour un proche quand il consomme de l’alcool, du tabac, ou une substance illicite ?

Il est connu que la consommation de substances psychoactives peut causer des dommages au consommateur lui-même, mais aussi à son entourage. Ces dommages peuvent prendre la forme de violence verbale ou physique par exemple...

Alcool

Il est connu que la consommation de substances psychoactives peut causer des dommages au consommateur lui-même, mais aussi à son entourage. Ces dommages peuvent prendre la forme de violence verbale ou physique par exemple. Mais ils peuvent aussi être plus insidieux, et se manifester sous la forme d’une inquiétude pour la consommation d’un proche qui, à l’extrême, peuvent résulter en des troubles psychologiques et altérer la qualité de vie.

Les auteurs de cette étude se sont penchés pour la première fois sur les inquiétudes que peuvent avoir des individus sur les consommations de substances psychoactives de leurs proches, en analysant le rôle respectif de l’alcool, du tabac, et des drogues illicites. L’objectif était de décrire la prévalence de ces inquiétudes, de préciser la part des différentes substances dans cette inquiétude, la façon dont ces inquiétudes se chevauchent et quels facteurs personnels les influencent. L’enquête a été menée en Norvège au plan national et a concerné 1667 norvégiens âgés de 16 à 64 ans. Les participants devaient renseigner leur la présence d’une inquiétude (oui/non), la fréquence (parfois/souvent), et les catégories de proches qui suscitaient cette inquiétude (conjoint, membre de la famille, ami, connaissance, autre).

31,2% d’entre eux exprimaient des inquiétudes concernant la consommation d’alcool par un proche, 25,6% concernant le tabac, et 10,3% concernant les substances illicites. La fréquence des inquiétudes concernant le tabac et les substances illicites était plus importante (majoritairement « souvent ») que pour l’alcool (majoritairement « parfois »). Les inquiétudes liées au tabac concernaient surtout un conjoint ou un membre de la famille (66,2%), alors que celles liées à l’alcool et aux substances illicites concernaient un ami ou une connaissance (58% et 53,3% respectivement). La moitié des répondants n’exprimaient aucune inquiétude particulière. Parmi les autres, 17,4% exprimaient des inquiétudes concernant l’alcool seul, 13,8% le tabac seul, 7,8% l’alcool et le tabac, 1,3% le tabac et les substances illicites. 2,7% enfin ressentaient de l’inquiétude concernant la consommation des 3 substances en même temps. Quelle que soit la substance concernée, le niveau d’inquiétude augmente lorsque la personne interrogée a elle-même expérimenté des dommages causés par la consommation d’un proche. Les femmes se montrent plus inquiètes que les hommes concernant l’alcool et le tabac. Le niveau d’inquiétude décroit avec l’âge. Le fait de consommer soit même une substance tendait à augmenter le niveau d’inquiétude, sauf concernant le tabac où les personnes non fumeuses étaient les plus inquiètes concernant la consommation de tabac d’un proche.

Au moins 50% de la population interrogée s’inquiète donc pour la consommation d’un de ses proches concernant au moins une substance, l’alcool étant la source d’inquiétude la plus importante en proportion, et le tabac la source la plus fréquente chez un même individu. Ces résultats semblent refléter la prévalence des consommations elles-mêmes au sein de la population générale. Les inquiétudes concernant le tabac sont plutôt centrées sur le cercle immédiat (famille et couple) et sur d’éventuels dommages liés à une consommation chronique, tandis que pour l’alcool et les substances illicites, les inquiétudes sont plutôt ciblées sur des personnes sur cercle proche et pour des dommages liés à des consommations aigües. Les auteurs proposent de poursuivre ce travail par une investigation plus approfondie des répercussions de ces inquiétudes, en étudiant les symptômes dépressifs, d’anxiété, ou le niveau de peur des proches de consommateurs de substances.

Par Julien Cabé

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