DROGUES / Une expérience avec les psychédéliques prédit un comportement pro-environnemental à travers un lien renforcé avec la nature

Les deux dernières décennies ont vu le développement de la recherche autour des psychédéliques. Plusieurs de ces nouveaux programmes de recherche se sont intéressés aux applications cliniques de la prise de ces substances dans le traitement de l’anxiété, des troubles de l’humeur ou des addictions, avec des effets préliminaires intéressants.

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Par Louise Carton

 

Les deux dernières décennies ont vu le développement de la recherche autour des psychédéliques. Plusieurs de ces nouveaux programmes de recherche se sont intéressés aux applications cliniques de la prise de ces substances dans le traitement de l’anxiété, des troubles de l’humeur ou des addictions, avec des effets préliminaires intéressants.

Une expérience mystique fréquente rencontrée par les consommateurs de psychédéliques consiste en un sentiment profond de connexion et d’unité, ce qui pourrait être une conséquence de la perte de la perception de soi et d’une dissolution de l’ego.

D’après plusieurs sources, allant d’Aldous Huxley à Albert Hofmann, de telles expériences d’unité se manifestent parfois dans le sens d’une connexion avec tous les êtres vivants, des animaux, des plantes ou la nature toute entière. Cet anthropomorphisme pourrait conduire à une empathie accrue vis à vis de la nature ce qui pourrait à son tour encourager un comportement altruiste qui se traduirait par des comportement pro-environnementaux.

Les auteurs ont voulu tester l’hypothèse qu’une expérience de prise de psychédélique serait prédictive d’un lien avec la nature, et par voie de conséquence, d’un engagement dans des comportements pro-environnementaux.

Une étude en ligne conduite sur un large échantillon en population générale (n = 1487), a évalué la relation entre une expérience passée avec des substances psychédéliques dites « classiques » (LSD, psylocybine, mescaline), le lien avec la nature et les comportements écologiques (économie d’eau, recyclage,..).

En utilisation une modélisation par équations structurelles, les auteurs ont mis en évidence qu’un antécédent de prise de psychédéliques était prédictive d’une auto-déclaration d’engagement dans les comportements pro-environnementaux et que cette relation était expliquée de manière statistiquement significative par le degré d’auto-identification avec la nature. Ce modèle était contrôlé pour toutes les expériences avec d’autres classes de substances psychoactives (cannabis, substances dissociatives, empathogène, drogues légales populaires) ainsi que pour les traits de personnalité qui prédisent habituellement la consommation de produit et/ou le lien avec la nature (l’ouverture à l’expérience, la conscience, le conservatisme). Ces résultats suggèrent donc qu’une expérience avec les psychédéliques pourrait contribuer aux comportements pro-environnementaux des individus, en modifiant leur conception de soi en terme d’intégration de l’environnement naturel, indépendamment des traits de personnalité ou de la propension à consommer des produits psychoactifs.

Ainsi, pour les auteurs, cette étude vient s’ajouter à la littérature contemporaine concernant les effets bénéfiques de la consommation de substances psychédéliques sur le bien-être mental, en proposant une nouvelle ère de recherche évaluant les effets positifs éventuels de tels produits. En effet sur le plan individuel, des recherches ont montré une association entre le sentiment de connexion avec la nature et celui de bonheur et sur le plan collectif, à l’heure des préoccupations écologiques, le développement de comportements pro-environnementaux prend tout son intérêt.

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