Albert Hoffmann a dit : « les substances psychédéliques, si elles sont utilisées dans des conditions adaptées, sont très utiles pour l’humanité ».
Le terme de psychédélique a initialement été utilisé dans les années 50 afin de décrire le LSD, la mescaline et d’autres hallucinogènes qui altèrent profondément l’expérience humaine. Ces substances agissent principalement comme des agonistes du récepteur 5-HT2A. Les recherches autour du potentiel thérapeutique et du mécanisme d’action des psychédéliques ont connu un pic dans les années 60, mais se sont ensuite stabilisées pendant 50 ans après que la règlementation ait fait que la recherche autour de ces substances soit presque impossible à conduire.
Depuis peu, ce champ de recherche connaît une renaissance puisque les substances habituellement utilisées pour un usage récréatif, comme le LSD, la kétamine et cannabinoides, se sont vues attribuer un potentiel thérapeutique pour différents troubles tels que la dépression résistante, les idées suicidaires et certaines épilepsies chez l’enfant. De plus, des études pilotes récentes suggèrent que la MDMA, ainsi que les psychédéliques classiques, LSD et psylocybine, pourraient contribuer à la pharmacopée de l’état de stress post-traumatique et à celles d’autres troubles psychiatriques difficiles à traiter. Des modifications de la connectivité cérébrales ont également été mises en évidence en neuro-imagerie fonctionnelle suite à des prises uniques de ces produits.
Beaucoup de questions restent cependant en suspens concernant les mécanismes d’action, la sécurité et l’efficacité de ses produits. Quel type de psychothérapie est à associer avec quel type de psychédéliques ? Est ce que certaines substances ont un effet même sans psychothérapie associée ? Quelles sont les doses optimales ?
Ce récent engouement dans la recherche autour des psychédéliques a encouragé la publication d’un numéro spécial dans Psychopharmacology en février 2018, avec des articles regroupés en 3 domaines d’intérêts : l’efficacité clinique, les effets et mécanismes d’action, et enfin, la régulation et l’histoire des substances.
Les articles de ce numéro spécial illustrent l’ampleur et la diversité de la recherche et montrent comment, à la lumière de données scientifiques rigoureuses, ce domaine connaît désormais une naissance plus qu’une renaissance. Les modifications réglementaires qui facilitent plutôt qu’entravent la recherche sur ces produits faciliteront considérablement les recherches dans ce domaine.