Exposition prénatale à la méthadone ou à la buprénorphine : pas d’impact majeur sur le développement de l’enfant durant les trois premières années de vie.

La méthadone et la buprénorphine permettent de stabiliser et de prévenir la rechute chez les femmes enceintes souffrant d’une addiction aux opiacés. De nombreuses études ont rapporté que le bénéfice/risque de ces traitements était nettement supérieur au fait de laisser les patients sans support médicamenteux de substitution pendant la grossesse.

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La méthadone et la buprénorphine permettent de stabiliser et de prévenir la rechute chez les femmes enceintes souffrant d’une addiction aux opiacés. De nombreuses études ont rapporté que le bénéfice/risque de ces traitements était nettement supérieur au fait de laisser les patients sans support médicamenteux de substitution pendant la grossesse. Globalement, les dernières. Cependant, des inquiétudes demeurent quant à l’impact de l’exposition prénatale à ces médicaments sur le développement à long terme des futurs enfants. Plusieurs études soutiennent l’idée selon laquelle la méthadone serait plus nocive que la buprénorphine concernant le développement néonatal. De plus, il n’y a pas de données à l’heure actuelle concernant les effets de la sévérité d’un syndrome de sevrage néonatal sur le développement de l’enfant.

 

Pour répondre à ces questions, des auteurs américains ont pour la première fois réalisé en 2017 une étude longitudinale qui examine le développement d’enfants issus de mères enceintes prenant de la méthadone ou de la buprénorphine. Les auteurs ont inclus 96 enfants et leur mère qui avaient participé auparavant à MOTHER, un essai contrôlé randomisé sur le traitement maternel par méthadone ou buprénorphine durant la grossesse. Ils se sont intéressés au développement des enfants de la naissance jusqu’à l’âge de 3 ans, en évaluant les paramètres de croissance, la cognition, le langage, les processus sensoriels et le caractère. Les perceptions maternelles concernant le stress parental, la sévérité de l’addiction et la capacité à créer un environnement propice au bon développement de l’enfant ont aussi été évaluées durant cette période. Il s’agit de la première étude dans laquelle on observe une exposition prénatale minimale à d’autres substances (alcool y compris), à l’exception faite du tabac. L’objectif de cette étude était triple : déterminer s’il y a une différence entre la méthadone et la buprénorphine concernant le développement physique et psychomoteur de l’enfant, évaluer l’impact du traitement ou non d’un syndrome de sevrage néonatal sur ce développement, examiner les changements des perceptions maternelles durant les 3 premières années de vie de l’enfant.

 

Les auteurs ont trouvé que lors des 36 premiers mois de vie, les enfants exposés à la méthadone ou à la buprénorphine présentaient un développement normal concernant les paramètres de croissance, la cognition, le langage, les processus sensoriels et le caractère. Ils n’ont pas retrouvé de différence d’effet entre l’exposition prénatale à la méthadone et celle à la buprénorphine sur ces paramètres. La présence et la sévérité d’un syndrome de sevrage néonatal n’avaient pas non plus d’impact négatif sur ces paramètres. Du côté des mères, aucune différence n’a été mise en évidence en fonction du traitement maternel et du traitement ou non d’un syndrome de sevrage néonatal concernant leur perception de la sévérité de l’addiction, du stress parental et de leur capacité à créer un environnement propice au bon développement de leur enfant, à l’exception d’une différence concernant les problèmes judiciaires. La prise de méthadone et l’absence de traitement d’un sevrage néonatal étaient en effet associées à davantage de problèmes judiciaires. Les mères ont réussi à créer un environnement propice au bon développement de leur enfant sur la période de 6 à 36 mois.

 

Ces résultats contredisent l’idée selon laquelle les mères avec des antécédents d’addiction aux opiacés sont incapables de créer environnement stable pour leur enfant et suggèrent que l’impact occasionnel sur le développement des enfants est probablement davantage issu de problématiques psychosocial que des effets propres des traitements de substitution.

 

 

Par Benjamin Rolland et Bastien Thomas

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