Fumer est-il devenu ringard chez les jeunes ?

Tendance d'une ampleur rare en santé publique : les jeunes sont deux fois moins à fumer du tabac qu'il y a dix ans. On fait le point sur un phénomène aux multiples facteurs.

Tabac

La cigarette fumée à la sortie du lycée serait-elle une pratique en voie d’extinction ? C’est très probable au vu des chiffres publiés au printemps dernier par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Ivana Obradovic, sa directrice adjointe, expose: « 16 % des personnes de 17 ans en France fument tous les jours : c’est deux fois moins qu’il y a encore dix ans. C’est une tendance à la baisse d’une ampleur assez rare en santé publique. Au début des années 2000, plus de 40 % des jeunes de 17 ans fumaient. Ces chiffres traduisent une tendance majeure : le renouvellement générationnel du tabagisme s’est considérablement ralenti.»

Elle ajoute que l’expérimentation de la cigarette (c’est-à-dire avoir fumé au moins une fois dans sa vie) concerne désormais moins de la moitié (47 %) des jeunes, contre 80 % il y a vingt ans. « Ce qui était une pratique très majoritaire à l’adolescence est donc devenu nettement moins courant », commente-t-elle.

De son côté, Marion Catellin, directrice de l’ACT-Alliance contre le tabac, confirme un net désaveu des jeunes « Nous menons régulièrement des enquêtes sur la perception du tabac chez les jeunes. Aujourd’hui, neuf adolescent·es sur dix aimeraient vivre dans un monde sans tabac. »

Une nuance toutefois reste à apporter à cette impressionnante baisse de la consommation de tabac chez les jeunes: si elle concerne aussi bien les garçons que les filles, elle est différenciée selon le milieu social et le statut scolaire. « La baisse est moins marquée parmi les jeunes qui sont déscolarisés à 17 ans, qui restent assez nombreux à fumer (44 % de fumeurs contre 13 % parmi les lycéens du même âge). Même chose parmi les jeunes en apprentissage, par rapport aux élèves des filières générales et technologiques (38 % contre 10 %) », relève Ivana Obradovic, précisant que le statut scolaire est un indicateur indirect des inégalités sociales, qui permet de dire que la baisse est plus ou moins marquée selon le profil des jeunes.

« Ces inégalités sociales montrent que les facteurs de diminution de la consommation de tabac ne touchent pas tous les publics de la même manière », commente Maria Melchior, directrice de recherche Inserm au sein de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique.

Voir la suite de l’article sur le site de Slate