Hausse des prix, interdiction dans de nouveaux lieux publics, mesures contre le vapotage : forces et faiblesses du nouveau plan antitabac

DÉCRYPTAGE - Le ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, a présenté le 28 novembre, les principales mesures du nouveau plan de lutte contre le tabagisme. Certains points soulèvent des interrogations chez les spécialistes.

Tabac

« Une première génération d’adultes débarrassés du tabac en 2032 », tel est l’objectif affiché (et ambitieux) du ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, alors qu’il présentait le 28 novembre matin le nouveau plan antitabac. Ce dernier s’étalera jusqu’en 2027. La France compte encore aujourd’hui près de 12 millions de fumeurs quotidiens, soit environ un quart de la population adulte, un chiffre qui reste stable depuis 2020.

Responsable de 75 000 décès chaque année, le tabac rafle pourtant toutes les premières places : première cause de mortalité précoce, première cause de mortalité par cancer, c’est aussi la première cause de mortalité cardio-vasculaire évitable. « C’est un fléau qui nous concerne tous. Le tabac pèse sur notre système de solidarité, a souligné Aurélien Rousseau. Il coûte beaucoup plus aux comptes publics qu’il ne rapporte de taxes. Tout le monde est perdant. » Selon le dernier rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), sorti cet été, le tabac a rapporté un peu plus de 13 milliards d’euros de recettes fiscales en 2019, à mettre en regard des 16,4 milliards dépensés pour soigner les problèmes de santé qu’il a engendrés la même année.

Le plan d’attaque du ministère repose sur deux piliers : une hausse des prix et la multiplication des endroits où il sera désormais interdit de fumer, en particulier sur la plage, au parc, en forêt ou aux abords des écoles. L’entourage du ministre table sur une interdiction effective au plus tard en septembre 2024. Le montant de la contravention associée n’a pas encore été précisé, mais il est, à titre indicatif, de 68 euros sur le quai d’une gare. « Il existe déjà plus de 7 200 espaces sans tabac à travers 73 départements, mais c’est le résultat d’un mouvement impulsé par les communes. Désormais, ce principe devient la règle », a expliqué Aurélien Rousseau, qui veut ainsi renforcer la « débanalisation » du tabac. Cette mesure a été saluée de façon unanime par les associations de lutte contre le tabagisme, qui s’étaient déjà largement félicitées de l’interdiction de fumer dans les bars et les restaurants (depuis le 1er janvier 2008) ainsi que dans les établissements scolaires et les universités (1er février 2007).

« Le plan va globalement dans le bon sens, mais nous sommes très partisans des produits de vapotage. Certaines personnes ont pu sortir du tabac grâce à cela. Sur ce point, il y a matière à discuter », confie le Pr Amine Benyamina, psychiatre addictologue et président d’Addict’AIDE. Si l’efficacité de l’e-cigarette pour arrêter de fumer fait encore l’objet de débats, ses risques sont bien moindres que ceux du tabac. « Par comparaison au tabac et à son mode de consommation privilégié (la combustion), les e-liquides présentent l’intérêt d’annuler, ou de significativement réduire, les risques de survenue de graves pathologies, de cancers principalement », soulignait en 2016 le Haut Conseil de la santé publique.

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