Il y a toujours un bénéfice à arrêter de fumer, d’autant plus si l’on arrête tôt

Tabac

Il y a toujours un bénéfice à arrêter de fumer, d’autant plus important que l’on arrête tôt : le risque de mortalité toutes causes confondues par rapport aux fumeurs est diminué de manière importante.

Chaque année, le tabac est responsable de plus de 8 millions de morts à travers le monde, dont 1,2 millions par tabagisme passif. Aux USA, on dénombre 530 000 morts par an et en Europe, 700 000 morts par an à cause du tabac. La part de mortalité totale attribuée au tabac est de 16% en Europe, alors qu’elle n’est que de 11% dans le reste du monde. En France, ce sont 73 000 décès qui sont attribués chaque année au tabac.

En 2004, Doll et Peto (1) avaient montré le bénéfice de l’arrêt du tabac, à partir d’une cohorte de médecins anglais (uniquement des hommes) suivis pendant 50 ans (de 1951 à 2001). Voici les principaux résultats qu’ils avaient publiés :

  • le tabagisme augmente le risque de cancer du poumon,
  • le tabagisme diminue de 10 ans l’espérance de vie des fumeurs (vs les non-fumeurs),
  • l’arrêt du tabac à 60, 50, 40 ou 30 ans augmente l’espérance de vie des ex-fumeurs de, respectivement, environ 3, 6, 9 ou 10 ans,
  • l’arrêt du tabac avant l’âge de 30 ans permet aux ex-fumeurs d’avoir la même espérance de vie que les non-fumeurs.

Une étude vient d’être publiée dans le JAMA Network Open par Blake Thomson et collaborateurs, de la société américaine de cancérologie à Kennsaw en Géorgie. Précisons que Richard Doll, auteur de l’étude sus-citée, est co-auteur de cette nouvelle étude.

Objectif

L’objectif de cette étude est de quantifiée l’association entre le tabagisme, le sevrage tabagique et la mortalité, en fonction de l’origine raciale et ethnique d’une part, et du sexe d’autre part.

Il s’agit d’une étude de cohorte prospective représentative de la population américaine, suivie entre Janvier 1997 et Décembre 2018.

Méthode

Les 551 388 participants, âgés de 25 à 84 ans à l’inclusion, se répartissaient comme suit :

  • 55,8 % de femmes,
  • d’âge moyen 48,9 ans (écart-type : 15,3 ans),
  • hispaniques (15,8 %), non-hispaniques blancs (64,5 %) et non-hispaniques noirs (13,7 %).

Les paramètres suivants ont été pris en compte :

  • le statut tabagique : non fumeur, ex-fumeur et fumeur actuel,
  • l’âge de début du tabagisme (< 18 ans ; 18-24 ans ; ≥ 25 ans),
  • le nombre de cigarettes par jour (< 10 ; 10-19 ; ≥ 20),
  • l’âge de sortie du tabagisme, et
  • la consommation d’alcool
    • non buveur,
    • ancien buveur
    • buveur actuel (< 1 fois/semaine ; 1-2 jours/semaine ; ≥ 3 jours/semaine).

Une analyse multivariée (modèle de régression à effet proportionnel) a été faite, un modèle de Cox avec ajustement sur l’âge, le sexe, le niveau d’éducation et l’origine ethnique et raciale.

Résultats

74 870 décès ont été dénombrés parmi les participants, âgés de 25 à 89 ans entre 1997 et 2018 :

  • 38 078 (50,9 %) parmi les femmes, et 36 792 (49,1 %) parmi les hommes,
  • plus nombreux parmi les blancs (71,6 %), suivis par les noirs (15,4 %) et les hispaniques (9,7 %).

Le non fumeur représentant la référence (RR=1), on observe que le risque de mortalité augmente aussi bien parmi les hommes que parmi les femmes, avec l’ancienneté du tabagisme, parmi les ex-fumeurs. Ce risque (RR) passe de 1,01 (arrêt avant l’âge de 35 ans) à 1,68 (arrêt entre 55 et 64 ans) parmi les hommes, et il passe de 1,04 (arrêt avant l’âge de 35 ans) à 1,83 (arrêt entre 55 et 64 ans) parmi les femmes. Parmi celles et ceux qui continuent à fumer (fumeurs actuels), le risque de mortalité est multiplié respectivement par 2,90 et 2,70.

On retiendra de cette étude que le risque de mortalité lié au tabac est presque multiplié par 3 chez les femmes (risque plus élevé que chez les hommes) et que si l’arrêt du tabac est précoce (avant l’âge de 35 ans), il n’y a pas de différence avec les non fumeurs en termes de mortalité.

Mais le mieux est de ne jamais commencer à fumer !

 

Références bibliographiques

1 Doll R, Peto R, Boreham J, Sutherland I. Mortality in relation to smoking: 50 years’ observations on male British doctors. BMJ. 2004;328(7455):1519. doi:10.1136/bmj.38142.554479.AE

 

Dr Philippe Arvers (1,2,3)

1 – Observatoire Territorial des Conduites à Risques de l’Adolescent (MSH-UGA)

2 – 7ème Centre Médical des Armées (76ème Antenne médicale de Varces)

3 – Institut Rhône Alpes Auvergne de Tabacologie (Lyon)

 

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