Impact des consommations d’alcool sur la personnalité : boire fait devenir anxieux, impulsif et moins agréable

Il est désormais bien démontré que plusieurs traits de personnalité sont des facteurs associés aux consommations d’alcool. Ainsi, des personnes ayant un névrosisme élevé (i.e., propension à expérimenter des émotions négatives telles que anxiété, tristesse, …) ou un faible caractère consciencieux (i.e. capacité à contrôler, réguler et diriger ses impulsions, un faible caractère consciencieux étant associé à une plus forte impulsivité)

Alcool

Il est désormais bien démontré que plusieurs traits de personnalité sont des facteurs associés aux consommations d’alcool. Ainsi, des personnes ayant un névrosisme élevé (i.e., propension à expérimenter des émotions négatives telles que anxiété, tristesse, …) ou un faible caractère consciencieux (i.e. capacité à contrôler, réguler et diriger ses impulsions, un faible caractère consciencieux étant associé à une plus forte impulsivité). En revanche, l’impact des consommations sur la personnalité des individus pouvant consommer n’a pas fait l’objet d’autant de travaux. Nous ne savons pas comment la consommation d’alcool peut/pourrait contribuer à modifier la personnalité des individus.

Dans cette méta-analyse (résultats issus de 6 études de cohorte) qui incluait près de 40’000 personnes, ces auteurs ont inclus des études qui ont évalué à chaque fois la consommation d’alcool et l’évolution des traits de personnalité au cours du temps (moyenne de l’intervalle entre les mesures de personnalité : 5 ans et demi). Ces auteurs se sont basés sur le modèle le plus consensuel pour évaluer les dimensions de personnalité, à savoir le modèle du Big Five, qui différencie cinq dimensions indépendantes de personnalité : l’extraversion, l’agréabilité, le caractère consciencieux, le névrosisme et l’ouverture (aux autres ou aux expériences).

Les résultats sont éloquents : une consommation d’alcool à risque était associé à une modification significative de plusieurs traits de personnalité : moins grande stabilité émotionnelle (névrosisme plus élevé), diminution de l’agréabilité (dit autrement : on risque de devenir moins sympathique/prévenant vis-à-vis d’autrui), plus d’extraversion (c’est peut être le seul facteur « avantageux », si tenté soit il que l’extraversion soit un trait que l’on considère comme avantageux) diminution de la capacité à contrôler les impulsions. En d’autres termes, la consommation d’alcool (tous types d’alcools confondus) est responsable de deux facteurs de risque de troubles psychiatriques/psychologiques et d’addiction : plus grande anxiété/propension à la dépression et moindre capacité à contrôler ses impulsions.

Ces résultats sont probablement à mettre en lien avec les modifications neurobiologiques induites par l’alcool et avec les dommages induits par l’alcool, notamment la plus grande sensibilité au stress et les troubles cognitifs pouvant être occasionnés par des consommations d’alcool (pour rappel, la moitié des cas de démences (=troubles cognitifs) survenant avant l’âge de 50 ans sont liés à l’alcool). Si l’on voit (ou boit, c’est selon) le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, on peut retenir que la consommation chronique d’alcool rend plus extraverti mais aussi plus stressé, plus impulsif, moins agréable … quel prix faut il payer pour être plus extraverti (ou plutôt, devrait on dire, avoir plus de troubles cognitifs ?) A la vôtre !

 

Par Paul Brunault

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