
Le tabac impacte le cerveau, mais le cerveau pourrait-il également impacter notre relation au tabac ? C’est l’hypothèse que vient d’avancer une équipe de chercheurs de plusieurs universités européennes et nord-américaines du consortium IMAGEN, et analysés par des chercheurs de l’université de Cambridge dans une étude parue en août dans la revue Nature. Soucieux de mieux comprendre comment naissait l’addiction à la cigarette, souvent à l’adolescence, les neuroscientifiques ont étudié plus de 800 imageries cérébrales d’adolescents et jeunes adultes au Royaume-Uni, en Allemagne, en France et en Irlande.
Les chercheurs ont comparé grâce à l’imagerie à résonance magnétique (IRM) la matière grise de ceux qui ont commencé à fumer à l’âge de 14 ans et celle des non-fumeurs. Ils ont répété cette opération à 19 ans, puis 23 ans. À l’arrivée, les adolescents ayant commencé à fumer à 14 ans présentent moins de matière grise dans une partie spécifique du cerveau, le cortex préfrontal ventromédian gauche, impliqué notamment dans la régulation émotionnelle, la prise de décisions et la maîtrise de soi.
Cinq ans plus tard, les adolescents fumeurs voient également la partie opposée, le cortex préfrontal ventromédian droit, se réduire à son tour. Cette zone est déterminante dans la gestion du plaisir car elle traite la dopamine, dans un circuit de « récompense ».