La prolifération sans précédent de nouveaux produits de synthèse (NPS) au cours de la dernière décennie a introduit une grande diversité de classes de substances psychoactives auprès des usagers du monde entier. Internet joue un rôle majeur dans la distribution de ces composés et dans l’obtention d’informations sur leurs effets et les doses efficaces subjectives rapportées chez les usagers.
De 2011 à 2017, des chercheurs ont étudié les transporteurs des monoamines et les profils d’interaction avec les récepteurs de plus de 100 NPS, de substances psychostimulantes et psychédéliques en utilisant les mêmes procédures expérimentales. Les composés étudiés étaient globalement classés comme stimulants ou psychédéliques en fonction de leurs profils d’effets pharmacocologiques et psychoactifs déclarés. Pour rappel, les psychostimulants exercent principalement leurs effets pharmacologiques en interagissant avec les transporteurs des monoamines (c.-à-d. les transporteurs de la noradrénaline -NET-, de la dopamine -DAT-, et de la sérotonine -SERT-), soit comme inhibiteurs, soit comme substrat du transporteur. Les psychédéliques quant à eux doivent principalement leurs effets psychiques à un agonisme des récepteurs 5-HT2A.
Les auteurs ont cherché à savoir si la puissance d’inhibition in vitro des transporteurs de monoamines et la liaison et l’activation in vitro des récepteurs de la sérotonine pouvaient être utilisées pour prédire les doses humaines de substances stimulantes et psychédéliques. Pour cela, ils ont corrélé les données pharmacologiques in vitro des psychostimulants et des psychédéliques précédemment évalués avec les doses humaines rapportées sur Internet et dans les livres. Ils ont montré que les profils pharmacologiques in vitro des substances qui interagissent avec les systèmes monoaminergiques permettaient de caractériser les substances comme psychostimulantes ou psychédéliques et pouvaient être utilisés pour prédire les doses psychoactives humaines. Dans le cas des stimulants, une forte inhibition de la DAT et de la NET était associée à des doses plus faibles chez l’Homme. En revanche, une puissance d’inhibition du SERT plus élevée indiquait une puissance stimulante plus faible et des doses plus élevées utilisées chez l’Homme. La puissance des psychédéliques était quant à elle mieux prédit par l’affinité de liaison aux récepteur 5-HT2A et 5-HT2C. Ainsi, une évaluation rapide des profils pharmacologiques in vitro de nouvelles substances psychoactives peut aider à prédire les doses et les effets psychoactifs chez l’Homme