
L’année de crise sanitaire et sociale qui vient de s’écouler a eu raison de la bonne volonté d’anciens accros à la cigarette, ou de fumeurs occasionnels. D’après la dernière étude de Santé publique France (SPF) publiée mercredi 26 mai, le nombre de fumeurs a arrêté de baisser, réaugmentant même chez les personnes aux revenus les moins élevés. Pour la population générale, la consommation de tabac a cessé de diminuer entre 2019 et 2020.
En réponse à un appel à témoignages lancé par Le Monde, de nombreux lecteurs disent avoir « craqué » pour une cigarette alors que le stress les envahissait en mars 2020, ou que la déprime était proche, au creux de l’hiver, quand le couvre-feu de 18 heures les obligeait à rentrer chez eux. A l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, lundi 31 mai, nous leur avons donné la parole et avons essayé de comprendre les mécanismes liés à cette reprise du tabagisme dans un contexte de crise sanitaire, économique et sociale inédite.
Directeur d’un hypermarché à La Réunion, Yoann a connu, à partir de mars 2020, « une succession de pics de stress liés aux protocoles, procédures d’hygiène à mettre en place, aux conflits sociaux dus aux conditions de travail ». Alors qu’il avait arrêté de fumer depuis plus de sept ans, il a finalement accepté la cigarette proposée par l’un de ses employés en novembre. « Depuis, j’ai repris à fond, dix à quinze cigarettes par jour. Ma plus grosse soupape pour me vider la tête était la salle de sport à côté de chez moi, mais cette crise les a obligées à fermer », confie-t-il.
Emmanuelle, assistante comptable à Lyon, suivie pour une maladie chronique inflammatoire des bronches, pensait, elle aussi, en « avoir définitivement terminé avec le tabac », mais avec « l’instauration du couvre-feu à 18 heures, le burn-out d’une collègue en décembre, l’impression de ne vivre que pour travailler, sans aucune vie sociale », elle a fini par acheter un paquet de cigarillos en janvier. Elle en allume désormais huit par jour.