
Les problèmes d’utilisation des réseaux sociaux font-ils partie des raisons de consultations de plus en plus fréquentes dans votre service ?
Julia de Ternay : « Il y a une “consultation écrans” à l’hôpital Édouard-Herriot depuis environ un an. On l’appelle comme ça car le terme “addiction aux écrans” est beaucoup plus employé. Mais en réalité, c’est davantage de l’usage numérique problématique. Cette consultation accueille aussi bien des ados que des adultes. On accueille plus de problématiques liées aux jeux vidéo, mais nous avons quelques personnes qui viennent pour les réseaux sociaux aussi, et plutôt des adultes.
Quelle est la nature du problème dans ces cas-là ?
J’ai une patiente qui explique qu’il y a un usage des réseaux qui lui fait du bien, et un autre usage, excessif. S’agissant de ce dernier, elle passe un temps qu’elle juge non qualitatif, qui ne lui apporte rien, elle “scrolle”. Ça engendre des sentiments négatifs et, bien qu’elle le sache, elle n’arrive pas à modifier ses usages. Les patients qui viennent ont une demande de modifier l’usage, mais pas de l’arrêter.
Est-on dans l’addiction, ou juste dans de mauvaises habitudes ?
Une addiction est une maladie, elle engendre des modifications cérébrales, des dysfonctionnements. Et elle provoque des conséquences fonctionnelles importantes sur la santé, la vie professionnelle, sociale. La personne subit une perte de contrôle, n’arrive pas à modifier son comportement. On différencie les addictions aux produits des addictions comportementales. Parmi ces dernières, seules deux sont reconnues : les jeux d’argent et les jeux vidéo. Les autres addictions numériques ne le sont pas. Il y a un grand débat pour les circonscrire, car les écrans, on les utilise tout le temps, et pour des choses différentes : une montre numérique a un écran, le portable peut servir de réveil… Donc, certains disent qu’il faudrait les circonscrire en fonction du contenu. Mais on n’a pas de preuve pour dire “tel contenu est une addiction”.
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