La buprénorphine pour traiter le syndrome de sevrage néonatal aux opiacés : pourquoi ce sera un réel progrès

Un article de revue sur les essais cliniques ayant utilisé la buprénorphine dans le NAS vient de paraître dans la prestigieuse revue de pharmacologie clinique américaine Clinical Pharmacology & Therapeutics.

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Les enfants de mère traitées par agonistes opioïdes, ou utilisant des opiacés illicites, sont exposés à un risque de syndrome de sevrage néonatal, encore appelé classiquement Neonatal Abstinence Syndrome (NAS) dans la littérature anglo-saxonne, même si ce terme peu précis a été critiqué. Un article de revue sur les essais cliniques ayant utilisé la buprénorphine dans le NAS vient de paraître dans la prestigieuse revue de pharmacologie clinique américaine Clinical Pharmacology & Therapeutics. Cet article, écrit par Walter Kraft, professeur de pharmacologie aux USA, et spécialisé dans la prise en charge du NAS, est instructif à plusieurs titres.

 

D’abord, il nous apprend que le NAS est traité aux Etats-Unis par sirop de morphine dans 80% des centres, et sirop de méthadone dans les centres restant. En France, même si la morphine est la règle, rappelons que certaines maternités utilisent de la chlorpromazine, alors que le niveau de preuve pour l’utilisation de cette molécule dans le NAS a été jugé médiocre dans une revue Cochrane sur le sujet. Ensuite, Kraft nous rappelle que la buprénorphine s’est petit à petit imposé comme substitution de référent pendant la grossesse, alors qu’auparavant la méthadone était préférée, en raison du recul supérieur dont on disposait avec cette molécule en terme de tératogénicité et tolérance fœtale globale. Pourtant les fœtus exposés à la buprénorphine pendant la grossesse ont un poids de naissance supérieur, un risque de décès in utero inférieur, et un risque de NAS plus faible, en particulier de NAS sévère. Kraft explique que l’utilisation de buprénorphine sublinguale pourrait révolutionner la prévention du NAS, habituellement bien codifiée mais nécessitant une hospitalisation et une surveillance étroite avec la morphine ou la méthadone. Mieux, la buprénorphine permettrait une durée de traitement plus courte, selon les cinq essais cliniques publiés jusqu’ici. La tolérance serait également bien meilleur, avec un risque théoriquement très faible de complication respiratoire du nouveau-né avec l’utilisation de cette formulation.

 

Vous avez certainement entendu parlé des formes sous-cutanées de buprénorphine retard qui arrivaient chez l’adulte. Peut-être que dans quelques années, la prévention du NAS sera réglée par une seule injection chez le nouveau-né, avec retour à domicile immédiat et diminution lente du produit dans l’organisme de l’enfant. On n’arrête pas le progrès.

 

Par Benjamin Rolland

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