Introduction :
La cigarette électronique, e-cig, vape ou « CE » comme le disent les adolescents est en pleine expansion. Aux États-Unis, en 2019, un quart des adolescents les utilisent. La vape, en remplacement du tabac fumé, est un outil de réduction des risques puisqu’elle présente l’avantage de ne pas produire de monoxyde de carbone et d’éviter de nombreux cancérogène présents dans le tabac. A ce titre, on la considère comme nettement moins toxique que le tabac. En revanche, elle n’est pas dénuée de tout effet toxique comme le montre de manière prospective cette étude.
Les liquides contiennent des aldéhydes pour les parfums, des métaux oxydants et l’aérosol produit contient des particules fines et ultra fines qui attaquent les poumons ce qui entraîne des toux chronique, respiration sifflante, asthme, essoufflement.
Méthode :
Cette étude a été réalisée de manière prospective chez des adolescents californiens. En 2014, ils ont remplis un questionnaire sur les consommations (y compris cannabis, tabac) et les problèmes de santé pneumologiques (bronchite chronique, essoufflement et respiration sifflante). Ils ont été suivis pendant 4 ans via une enquête en ligne chaque année qui les interrogeait sur l’utilisation ou non de la CE ainsi que les consommations actuelles et dans les 30 derniers jours.
La bronchite chronique était définie comme une toux quotidienne depuis plus de 3 mois. Les données de santé sont déclaratives, non confirmées médicalement et étaient décrites en terme simple comme par exemple : Etaient-ils essoufflés lorsqu’ils se dépêchaient sur un terrain plat ou lorsqu’ils montaient une légère pente ?
Concernant les consommations (CE, tabac, cannabis), ils étaient répertoriés en 3 catégories, ceux n’ayant jamais consommé, ceux ayant une utilisation ancienne (> 30 jours) et les actuels (< 30 jours).
Résultats :
2 094 lycéens de 17 ans ont été inclus en 2014. Le sex ratio est équilibré, prédominance d’hispanique. Les asiatiques et afro-américains sont minoritaire (5%) dans cette enquête.
Concernant la respiration sifflante, celle-ci augmente de 12,2 % à 14,8 % au sein de la période d’étude.
De même pour l’essoufflement. La bronchite a également augmentée de 19,4 % à 26,0 % en quatre ans.
Sur cette même période, l’usage dans les 30 jours de la CE a augmenté passant de 9,6 % à 14,8 % et celle du tabac de 5,7 % à 9,8 %. Celle du cannabis concernait 25,7 % des jeunes à la fin de l’étude.
Après ajustements, les odds ratio ou rapports de côtes, montrent que les utilisateurs de CE versus ceux qui ne l’utilisent pas, sont de 1,8 pour la respiration sifflante, 2,1 pour la bronchite et 1,8 pour l’essoufflement.
Si on ajuste sur la consommation de cannabis et/ou tabac, les odds ratio sont respectivement de 1,4, 1,6 et 1,5.
Conclusion :
La consommation de la CE chez les jeunes n’est pas anodine et provoque des effets pneumologiques délétères.
Ces effets sont spécifiques à la CE et non au tabac et/ou cannabis fumé.
La CE reste donc un bon outil de réduction des risques chez un patient déjà fumeur de tabac, en revanche, chez les jeunes n’ayant jamais fumé de tabac, des messages de prévention incitant les jeunes à ne pas initier la CE chez un naïf de tabac, même pour faire comme les copains sont nécessaires.