La réduction des risques en service de maladies infectieuses : un éditorial du New England Journal of Medicine.

Les usagers de drogues, a fortiori les usagers de drogues par injection (UDI), font l’objet d’une stigmatisation quasi-ubiquitaire, en particulier dans les milieux médicaux non-spécialisés en addictologie. La lutte contre la stigmatisation de ces populations passe par une meilleure formation des personnels de soins des autres spécialités.

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Les usagers de drogues, a fortiori les usagers de drogues par injection (UDI), font l’objet d’une stigmatisation quasi-ubiquitaire, en particulier dans les milieux médicaux non-spécialisés en addictologie. La lutte contre la stigmatisation de ces populations passe par une meilleure formation des personnels de soins des autres spécialités. Mais cette stratégie de formation doit être adaptée aux particularités du système de soins du pays concerné.

Aux Etats-Unis, la prescription de buprénorphine n’est pas autorisée de facto. Elle nécessite d’obtenir un « waiver » (dérogation) de la part de la Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA). Cette dérogation peut être obtenue après une formation de huit heures sur la prescription et la surveillance de la buprénorphine. Elle peut être obtenue par tout médecin qui fait cette formation. Cet éditorial du NEJM nous apprend ainsi qu’environ 37 500 médecins américains possèdent cette dérogation et sont donc habilités à pouvoir prescrire de la buprénorphine.

Selon les auteurs de cet article, des infectiologues travaillant à Boston, cette dérogation devrait être davantage demandée par leurs collègues. Ils estiment en effet que l’infectiologie accueille fréquemment des UDI pour des complications infectieuses diverses (infections virales liées à l’injection, endocardites, infections bactériennes locales,…). Tous les services en question n’auraient pas une culture addictologique suffisante. Ainsi, l’initiation d’agonistes opioïdes n’est pas toujours proposée, et surtout, il n’existe quasiment jamais d’interventions de réductions des risques et des dommages (RdRD) proposées à ces patients, en particulier sur les bonnes pratiques d’injection qui pourraient leur permettre de réduire leur risque de contamination.

Cet article doit servir à alimenter la réflexion sur la situation française, à travers les différences et les analogies avec ce qu’en relatent ces infectiologues américains. Dans l’Hexagone, les services d’infectiologie ont souvent été des pionniers de la RdRD, et la buprénorphine et même la méthadone est possible en primo-prescription à un spécialiste hospitalier. En pratique toutefois, rares sont les services qui ont mis en place des formations aux UDI atteints d’infections secondaires aux pratiques d’injection. Le rôle des ELSA en la matière n’a jamais vraiment non plus été codifié, et mériterait pourtant une vraie réflexion à l’échelle nationale.

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