On peut parler des drogues illicites comme d’un fléau sanitaire –ce qu’elles sont. On peut aussi raconter le combat perpétuel qui oppose la police aux trafiquants. On peut encore déplorer le laxisme récurrent du pouvoir exécutif face à des mafias prospérant sur le mal-être et les addictions, dans les «cités» comme dans les beaux quartiers. Ou, comme le gouvernement s’y emploie, on peut envisager la dépénalisation de la plus consommée.
Mais on peut aussi faire plus original et plus pédagogique: regarder et décrire ce phénomène comme un marché parmi tant d’autres. Marché illicite certes, mais marché tout de même, répondant aux lois éternelles de l’offre et de la demande, des effets de mode, de la compétition à outrance entretenue par le dogme du respect des règles de la concurrence.
Marché florissant
C’est, à sa manière, ce que vient de faire l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT). Ce groupement d’intérêt public indépendant doté de scientifiques est, depuis 1993, en charge de surveiller tout ce qui, en France, concerne les substances psychoactives licites et illicites. Il explore également la question des addictions dites «sans produit» (jeux de hasard et d’argent, écrans).
Objectif visé: permettre aux pouvoirs publics d’anticiper les évolutions afin de les aider dans leur décision. Objectif tout théorique à la lumière des dernières données publiées par l’OFDT.
Ce sont là des résultats concernant l’année 2016 et une partie de 2017, obtenus grâce à un dispositif (TREND) permettant de fournir des éléments de connaissance sur les usages de drogues illicites ou détournées et les populations particulièrement consommatrices. Parmi ses différents outils, l’OFDT s’appuie sur un réseau de huit sites locaux à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes et Toulouse.