L'actualité culturelle des addictions #7

Comme chaque mois, Thibault De Vivies nous offre une sélection des meilleurs oeuvres, littéraires, cinématographiques et télévisuelles concernant les addictions.

Toutes les addictions

Le cannabis

Un essai de Ivana Obradovic

Editions La Découverte, 31 mars 2022, 127 pages

« Le cannabis est un objet de controverses récurrentes, souvent éloignées des données scientifiques. Cet ouvrage offre un état des savoirs, international et pluridisciplinaire, rendant compte de la complexité du sujet.
Que sait-on aujourd’hui du cannabis ? Quels en sont les propriétés et les usages ? Comment les marchés se structurent-ils ? Quelles sont les politiques publiques développées à l’égard de ce produit, classé comme stupéfiant par le droit international, consommé par 190 millions de personnes dans le monde et désormais légalisé dans certains États ? Quels sont les premiers résultats des expériences de légalisation ? Le cannabis se prête à des appropriations de plus en plus variées : substance psychoactive utilisée comme drogue, mais aussi produit agricole, matériau industriel, adjuvant cosmétique, voire médicament. Ce livre donne à comprendre la diversification des usages et des marchés du cannabis, et les enjeux de leur régulation par les pouvoirs publics.
» Quatrième de couverture

On n’a pas fini d’entendre parler de cette fameuse plante verte qui fait couler beaucoup d’encre. Cet ouvrage de la directrice adjointe de l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives (OFDT) complète et actualise les connaissances que nous avons du cannabis. Quant à savoir si la France franchira le pas de la légalisation contrôlée, gageons que ça arrivera probablement un jour, poussée dans ses retranchements par des voisins européens souvent bien en avance sur nous. En attendant, approfondir ses connaissances permet d’aiguiser son regard et prend le recul nécessaire…

 

 

We own this city

Une mini-série en 6 épisodes crée par David Simon

Diffusion OCS, avril-mai 2022

« David Simon et son compère Georges Pelecanos réinvestissent les rues de Baltimore vingt après The Wire. Les deux amis, anciens journalistes, savent mieux que personne radiographier les Etats-Unis et ses travers et la ville de Baltimore, où ils ont travaillé durant de nombreuses années, en particulier. We Own This City s’inspire de faits réels survenus en 2015 et qui a plongé toute une unité d’élite de la police dans la tourmente. »

« Inspiré du livre du reporter du Baltimore Sun Justin Fenton, « We Own This City » revient sur l’histoire de l’unité d’élite de la police de Baltimore, la Gun Trace Task Force . Entre corruption, fabrication de preuves et des « bavures » couvertes, le scandale que va provoquer cette affaire mettra aussi en lumière les dysfonctionnements de la politique des chiffres et de répression de la police américaine. » Présentation puis synopsis proposé par OCS

David Simon aime confronter la réalité à la fiction pour en exacerber les questionnements, les failles et plonger alors un peu plus encore dans des thématiques complexes. Le Baltimore de We Own This City n’est pas si différent finalement de celui de The Corner, première oeuvre, littéraire et télévisée et précédent The Wire, de l’ex-journaliste du Baltimore Sun. La police court toujours après les dealers pour tenter d’endiguer un trafic endémique. La violence et la corruption sont visiblement ici systémiques et des deux côtés de la barrière on tente de faire sa place en jouant des coudes si nécessaire…

 

 

Pharmakon

Un roman d’Olivier Bruneau

Le Tripode Editions, 07 avril 2022, 128 pages

« Isolés dans un pays déchiré par la guerre, retranchés dans leur camp, des mercenaires au service d’une entreprise privée ont pour mission de protéger une raffinerie de pétrole. L’un d’eux, tireur d’élite, reçoit un traitement expérimental qui doit lui permettre de rester sans sommeil plusieurs jours et nuits d’affilée, afin d’optimiser ses performances. Soumis à la solitude de cet état de veille artificiel, et à la menace fantôme d’ennemis toujours cachés, il vit contre la nuit, dans un paysage de plus en plus hypnotique, et une tension toujours plus dense. » Quatrième de couverture

De cette drogue de fiction, qui n’a pas de nom, on ne saura pas grand-chose si ce n’est qu’elle est stimulante et permet de rentabiliser l’emploie des soldats au front, soldats disponibles alors vingt quatre heures sur vingt quatre pour accomplir leur tâche macabre. Le pharmakon, à la fois remède et poison, booste le soldat et brise son envie de dormir, ce qui ne sera pas sans conséquence sur sa santé mentale et physique, soyons-en sûrs. Difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre…

 

L’ivrognerie de Franklin Evans

Un roman de Walt Whitman

Traduit de l’anglais par Jean Pavans

Editions José Corti, mars 2022, 216 pages

« Le débutant Walt Whitman rêve au succès lorsque, jeune homme de 23 ans, il s’attelle à l’écriture de son premier roman. Ce succès, il l’obtiendra, puisque vingt mille exemplaires de son livre sont vendus à sa sortie en 1842.
Feignant de se joindre aux ligues de vertu en revêtant l’apparence d’un prêcheur de l’antialcoolisme, Whitman a, en réalité, un tout autre but. En s’inspirant d’illustres prédécesseurs – les romans picaresques anglais du siècle précédent – il plonge le lecteur dans le tourbillon de New York, lieu de tous les excès, où les tentations ne manquent pas. »
Quatrième de couverture

Le Volstead Act, texte de loi constitutionnel appliqué en janvier 1919, n’a fait qu’élargir sur l’ensemble du territoire des Etats-Unis l’interdiction de production, de distribution et de vente d’alcool déjà mise en place dans 26 états, le premier à franchir le pas ayant été le Maine en 1846. Les ligues de vertu et de tempérance, promouvant ces interdictions faisaient déjà parler d’elles quelques années avant, et quand Walt Whitman écrit ce roman à la première personne c’est bien pour faire croire qu’il va dans leur sens avec un récit annoncé clairement dans son introduction comme préventif et moraliste…

 

Cannabis thérapeutique, l’herbe de la controverse

Un documentaire de Till Rüger

Diffusion ARTE, depuis le 05 avril et jusqu’au 03 juin 2022

« Suscitant l’espoir mais peu étayé scientifiquement, le cannabis médical divise. Un tour d’horizon éclairant, brossé à travers les approches de trois pays : la France, l’Allemagne et Israël.  

Sur le Web, des vidéos et des forums de discussion vantant les vertus du cannabis thérapeutique suscitent l’espoir de patients souffrant de pathologies chroniques. Mais s’agit-il d’anecdotes invérifiables ou de réelles avancées ? Depuis 2017, en Allemagne, une loi autorise son usage en dernier recours, quand d’autres thérapies ont échoué. Le cannabis est vendu sur ordonnance et peut être remboursé par la sécurité sociale. Si certains médecins, comme la psychologue Eva Hoch, estiment qu’on a trop peu de connaissances sur le sujet et s’étonnent que ces substances soient prescrites, d’autres les défendent, après avoir constaté leurs bénéfices sur leurs patients. Mais tout le monde n’est pas égal devant le cannabis. Les effets varient, du soulagement durable à l’accoutumance en passant par les hallucinations ! 

Estimé à 50 milliards de dollars, ce marché attise les appétits des industriels qui commercialisent le cannabis médical (mais gagnent de plus gros revenus sur sa version récréative dans les pays où elle est légale) et rétribuent des influenceurs louant ses bienfaits. Un lobbying agressif a vu le jour : des avocats ont menacé de poursuites des chercheurs aux avis discordants. À mille lieues de la permissivité allemande, la France dispose d’une des législations les plus sévères d’Europe et n’autorise la vente de cannabis que s’il contient moins de 0,2 % de THC. Les malades en sont réduits à le cultiver illégalement ou à l’acheter à des dealers. Mais une expérimentation sur son efficacité, lancée en mars 2021, va permettre à 3 000 patients de se servir de sprays, de gouttes ou d’huiles. Israël, où vit Raphael Mechoulam, pionnier de l’usage thérapeutique du cannabis, a une longueur d’avance : le cannabis y est autorisé en tant que produit médical depuis plus de vingt-cinq ans. Adepte de la rigueur, le pharmacologue préconise d’ailleurs d’étudier une à une ses nombreuses molécules. Appuyé par des témoignages de médecins, d’experts et de patients, un panorama éclairant du laborieux cheminement d’une drogue millénaire vers la respectabilité. » Présentation proposée par ARTE

 

Petit tour d’horizon objectif ici de ce que la sphère médiatique véhicule sur l’aspect médical de la plante et sur les enjeux en termes de santé publique. Espérons que l’expérimentation menée en France soit concluante et porte ses fruits pour que la législation suive, comme c’est le cas chez nos voisins d’outre-Rhin entre autres…