La perception de l’addiction : une maladie qui progresse, considérée comme une souffrance, qui peut toucher n’importe qui
- L’addiction est perçue comme une maladie par trois quarts des Français et des professionnels de santé (85 % chez ceux qui pratiquent depuis moins de 10 ans). Elle est associée à la souffrance (68 % du grand public, 88 % des praticiens) et est considérée comme une maladie en pleine expansion (77 % des Français et 85 % des praticiens). Elle peut toucher n’importe qui (selon 93 % des Français), même si certains sont plus exposés que d’autres (selon 91 % des Français). Une maladie et une souffrance dont il est difficile de mettre fin pour 89 % du grand public et 97 % des praticiens.
L’addiction : entre déni et tabou
- 84 % des Français estiment que l’on ne se rend pas forcément compte quand on est atteint d’une addiction et que l’un des principaux symptômes est la difficulté à admettre qu’un problème existe (92 %).
- Selon les Français, reconnaitre la maladie et accepter d’être aidé constitue la principale difficulté des personnes qui souffrent d’addiction (63 %), comme 75 % des praticiens qui pointent aussi les difficultés à trouver la bonne structure (48 %), le bon interlocuteur médical (47 %) et le traitement adéquat (44 %).
- La majorité des Français et des praticiens estiment difficile de parler d’un problème d’addiction à son entourage, particulièrement entre parents et enfants.
Des Français moyennement informés et relativement démunis face à la maladie ; 6 Français sur 10 déclarent être bien informés sur les addictions, seulement 1 sur 10 le sont de manière claire.
Pour le Pr Amine Benyamina, psychiatre addictologue, président d’Addict’AIDE, « cette enquête montre une vraie maturité des Français sur la question des addictions et leur lucidité face à l’alcool, reconnue comme une drogue par 84 % d’entre eux ! » Il se félicite du refus des Français de stigmatiser les malades et de leur empathie pour cette immense souffrance que sont les addictions.
Inquiet d’une expansion du fléau, due notamment à l’arrivée de nouveaux produits comme les drogues de synthèse (3-MMC, MDMA…) ou encore le protoxyde d’azote, qui touchent violemment les jeunes, et de nouvelles pratiques addictives (écrans, chemsex), il lui semble très important d’entendre les Français dire qu’il est difficile de reconnaitre sa maladie et d’accepter d’être aidé. Pour lui c’est le chantier prioritaire auquel les praticiens doivent s’atteler avec les pouvoirs publics.
Des addictions mieux prises en charge, mais des efforts encore attendus, surtout du côté des pouvoirs publics
- Pour plus de 50 % des Français et des praticiens, les addictions sont mieux prises en charge que par le passé. Néanmoins la majorité des Français jugent insatisfaisante la prise en charge. Principaux leviers identifiés : augmenter le nombre de praticiens et de structures spécialisées (51 % des Français et 67 % des professionnels de santé) ; simplifier l’accès au dépistage et au traitement.
- Principal responsable désigné : l’Etat prend mal en compte le sujet des addictions pour 64 % du grand public et 79 % des praticiens. C’est l’acteur en qui les Français et les praticiens font le moins confiance pour lutter efficacement contre les addictions.
- Les mesures de lutte contre les addictions les mieux identifiées par les Français sont l’interdiction aux mineurs (82 %) et l’interdiction de l’usage des substances psychoactives au volant (81 %). Côté praticiens les plus efficaces sont l’accès rapide au dépistage et au traitement (74 %)
Le Pr Amine Benyamina lance ainsi un appel à l’Etat : « Il faut miser d’abord sur la prévention, et mettre en place une vraie politique publique pour toutes les addictions. Nous y parvenons avec le tabac, avec de la pédagogie et une augmentation des prix, le nombre de fumeurs a baissé. Je souhaite que l’Etat soutienne des démarches comme le Défi de janvier (janvier sans alcool), que 2025, année de la santé mentale, soit l’occasion d’engagements forts pour lutter contre toutes les addictions. Chez Addict’AIDE nous menons les combats, nous mettons à disposition en libre accès sur notre site internet de l’information, des tests d’autoévaluation, des ressources (annuaire pour géolocaliser un addictologue proche de son domicile, liste des groupes de parole, des groupes d’entraide sur Facebook, des lignes téléphoniques…) pour trouver de l’aide quelle que soit l’addiction, et un forum anonymisé pour échanger avec des patients-experts addictions. Chacun doit faire sa part ! »
*Enquête réalisée en ligne du 29 octobre au 8 novembre 2024. Échantillons : 3 010 personnes représentatif des Français de 16 ans et plus ; et 213 professionnels de santé, (104 médecins généralistes, 54 addictologues et 55 psychiatres et psychologues) Méthode des quotas et redressement selon le sexe (Français et généralistes), l’âge (Français et généralistes), catégorie socioprofessionnelle (Français) et région (Français et généralistes).
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