Le cannabis comme traitement adjuvant de la douleur chronique non cancéreuse : point de vue des soignants et des patients

Pour les auteurs américains de ce travail, l’épidémie d’overdose et la prévalence de la morbidité et de la mortalité associées aux opioïdes aux États-Unis soulignent la nécessité de mener des recherches sur les traitements non opioïdes de la douleur chronique non cancéreuse (chronic non-cancer pain CNCP).

Cannabis

Pour les auteurs américains de ce travail, l’épidémie d’overdose et la prévalence de la morbidité et de la mortalité associées aux opioïdes aux États-Unis soulignent la nécessité de mener des recherches sur les traitements non opioïdes de la douleur chronique non cancéreuse (chronic non-cancer pain CNCP). Ils font aussi état du fait que la douleur est le motif médical le plus souvent avancé par les patients qui demandent du cannabis médical. Des travaux de recherche ont suggéré que les patients considèrent le cannabis comme un traitement adjuvant potentiel aux médicaments opioïdes. Les auteurs ont donc souhaité s’intéresser aux points de vue de patients souffrant de CNCP comme celui des soignants qui les prennent en charge, concernant la co-utilisation du cannabis et des opioïdes pour la prise en charge de la CNCP.

23 cliniciens et 46 patients ont été interrogés, à l’aide d’entretiens semi-structurés. Ils étaient issus de 6 centres de provenant d’établissements de santé de la région de San Francisco.

Globalement, les patients ont décrit les avantages potentiels de la co-consommation de cannabis et d’opioïdes pour la gestion de la douleur mais aussi des préoccupations concernant la posologie potentielle et le risque de dépendance. Les patients déclaraient qu’ils cherchaient du cannabis surtout lorsqu’ils étaient incapables d’obtenir des opioïdes d’ordonnance.

Les cliniciens rapportaient que leurs patients leur avaient déclaré que le cannabis les aidait à gérer les symptômes de la douleur. Les cliniciens se sont dits préoccupés par l’exacerbation potentielle de troubles mentaux suite à une consommation régulière de cannabis.

Les cliniciens sont aussi gênés par le manque d’information cliniquement pertinente sur l’usage, l’efficacité et les effets secondaires du cannabis. Les auteurs soulignent qu’à l’heure actuelle, il n’existe pas de recommandations claires  à l’intention des cliniciens pour prendre en compte la co-consommation d’opioïdes et de cannabis des patients ou pour discuter des risques et des avantages du cannabis pour la gestion de la CNCP, y compris les effets secondaires. Une consommation concomitante de cannabis et d’opioïdes était pourtant couramment signalée par les patients de l’échantillon évalué, mais elle avait rarement été abordée lors des soins de la prise en charge de la douleur.

Les auteurs appellent à des études supplémentaires sur les risques et les avantages de la co-consommation de cannabis et d’opioïdes afin de mieux guider la pratique des cliniciens et les usages des patients, et ce alors même que la législation mondiale sur le cannabis, en particulier médical, ne cesse d’évoluer. Le manque de communication sur le sujet peut parfois laisser le patient seul face au choix de consommer ou non du cannabis, et du choix de la « posologie ».

Par Nicolas Cabé 

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