Le chemsex se démocratise aussi chez les hétéros, et c'est inquiétant

Les marathons sexuels sous drogues touchent aujourd'hui une partie de la population peu sensibilisée aux risques des MST.

Autres drogues

Que celui ou celle qui n’a jamais consommé d’alcool ou de stupéfiant pour se désinhiber avant une rencontre amoureuse lève la main. Mais, au-delà d’une désinhibition et d’une euphorie somme toute assez contrôlées –dont il ne subsiste au matin qu’une gueule de bois et peut-être un walk of shame–, certaines drogues provoquent des sensations si intenses qu’il est extrêmement difficile de retrouver une sexualité sobre. Le plan cul du vendredi devient alors un marathon de baise tout le week-end et plus rien ne compte.

Ce type de pratique a un nom: le chemsex, pour «chemical sex». Connue au sein de certaines communautés HSH (ce sigle désigne tous les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes, sans tenir compte du fait qu’ils se reconnaissent comme hétérosexuels, bisexuels ou homosexuels), parfois comparée par abus de langage –et au grand dam des associations– à l’épidémie de sida, elle semble aujourd’hui se démocratiser chez les hommes cisgenres hétérosexuels.

«Il y a beaucoup de mecs hétéros qui tournent à la 3 [pour 3-methylmethcathinone, une molécule de synthèse de la famille des cathinones, ndlr] ou au GHB», observe Johann Zarca, auteur de Chems, dont le narrateur et anti-héros raconte sa descente en enfer. «Mais, si cela s’apparente au chemsex, ils n’appellent pas ça comme ça, car le terme est très connoté communauté gay. Le glissement se fait rapidement et faute de mettre les termes adéquats sur la pratique, cela risque d’être d’autant plus dangereux et moins contrôlé.»

Comme l’a clairement exposé Didier Lestrade, activiste, fondateur d’Act Up et de Têtu dans un tweet, la pratique hétéro du chemsex semble passée sous silence ou, du moins, médias et associations regardent ailleurs. Joint par téléphone, il explique: «Le phénomène est grandissant chez les hétéros trentenaires, et ce d’autant plus après des mois de confinement, de distanciation et d’isolement liés à la pandémie de Covid. Ils ont clairement envie de rattraper le temps perdu. Dans le même temps, les substances utilisées sont très facilement disponibles sur le dark web et peu onéreuses. De plus en plus d’hétéros en consomment lors de partouzes qui durent tout le week-end. Et la descente est redoutable.»

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