Les impacts psychologiques et sociaux du confinement et comment les atténuer

Une parution dans le New England Journal of Medicine

Toutes les addictions

Le terme de confinement – isolement des individus exposés à un agent viral pour limiter la propagation de l’épidémie – a été employé avec l’arrivée récente du Coronavirus.

De nombreux aspects du confinement peuvent accroître la détresse psychologique chez la population générale et les professionnels de santé. Cependant, des stratégies de réduction du stress existent. Ce sont les objectifs de l’éditorial de Peter Roy Byrne, rédacteur en chef du New England Journal of Medicine.

Dans une étude qualitative, les auteurs examinent 24 études sur l’impact psychologique du confinement initié avec l’apparition du SARS, du virus Ebola, de la grippe aviaire (H1N1) du sydrome respiratoire du moyen orient (MERS) et de la grippe equine pour identifier des facteurs clés de détresse.

Les 5 études avec des groupes de contrôle non confinés confirment des impacts psychologiques sur la population générale mais aussi sur les professionnels de santé. Elles retrouvent des symptômes comme l’anxiété, la dépression, la colère, l’irritabilité et des syndromes de stress post traumatique. Les études descriptives restantes ont répertorié des caractéristiques similaires qui pourraient durer plusieurs mois après la quarantaine.

Quelques études ont étudié les facteurs de vulnérabilité individuelle notamment la présence antérieure de troubles psychologiques/psychiatriques et le fait de travailler en tant que professionnel de santé.

Les facteurs liés au confinement étaient les suivants : la durée de la quarantaine, des provisions insuffisantes, une information incomplète, un isolement social ou familial, une peur de la contamination, un stress financier…

Les auteurs suggèrent des stratégies d’atténuation :

La minimisation du temps de confinement,
L’apport d’information claires et détaillées sur la maladie et les risques de transmissions,
La facilitation des communications électroniques entre les proches,
L’apport de provisions suffisantes et nécessaires pour supporter la quarantaine (téléphone, wifi, livre, nourriture, jeux…) et
L’incitation à la solidarité pour poursuivre les efforts de la population durant la quarantaine.

Les pandémies potentielles encouragent les hommes à envisager le pire par distortion cognitive. Cette revue rapide confirme les impressions informelles des cliniciens concernant la capacité des pandémies à créer des effets psychologiques défavorables mélangeant notamment des symptômes anxieux et dépressifs, certains pouvant aller jusqu’à un syndrome de stress post traumatique et les professionnels de santé pourraient être particulièrement vulnérables.

Cette étude nous rappelle qu’une information détaillée sur le virus et les risques de contagion et de mort ainsi que sur l’intérêt de la quarantaine couplé à un approvisionnement approprié et à une facilitation des relations sociales sont les seuls antidotes pour tempérer l’anxiété des individus durant cette période.

On remarque que l’augmentation de la consommation d’alcool, de tabac et de psychotropes ne semble pas avoir été étudié dans cette analyse.

Par contre, le NIDA (NIH, Etats-Unis) souligne que les usagers souffrant d’addictions peuvent courir des risques supplémentaires en cas de contamination par le virus responsable de COVID-19. L’atteinte pulmonaire serait plus sévère chez les fumeurs de tabac, de marijuana et les vapoteurs. De nombreuses substances psychoactives peuvent également avoir un effet sur les fonctions respiratoires (opioïdes, méthamphétamine).

Aussi, les usagers de drogues et les addicts peuvent encore moins bien tolérer le confinement que la population générale. Plus précisemment, le taux de létalité du COVID-19, double chez les fumeurs et les personnes présentant une bronchite chronique (en chine le taux de tabagisme est de 52% dans la province du Wuhan pour les hommes (2.4% pour les femmes) alors que les hommes représente entre 60 et 70% des formes les plus graves (en France pour le dernier chiffre sur des statistiques encore provisoires).

Enfin, le contingentement peut encore éloigner ces populations fragiles et vulnérables des lieux de soins. On peut donc supposer que les conséquences sur le plan psychologique et sur la santé mentale seront plus importants encore dans cette population, aussi bien pendant le confinement que dans le suivi immédiat lorsqu’il sera progressivement levé.

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