Les médecins généralistes sont-ils aussi bons que les services d’addictologie pour prendre en charge les patients alcoolodépendants ? Un essai randomisé publié dans Alcohol & Alcoholism.

La place de la médecine générale dans le traitement des addictions est sans cesse affirmée. En pratique pourtant, la médecine générale a parfois du mal à trouver sa place dans la prise en charge des troubles addictifs.

La place de la médecine générale dans le traitement des addictions est sans cesse affirmée. En pratique pourtant, la médecine générale a parfois du mal à trouver sa place dans la prise en charge des troubles addictifs. Si, localement, certains généralistes sont particulièrement actifs et investis dans le champ de l’addictologie, de nombreux autres sont frileux à se lancer seuls dans la prise en charge de leurs patients. Parfois même, le repérage des addictions reste insuffisant pour des raisons multiples. L’une des raisons invoquées est qu’il est inutile de prendre en charge un patient avec addiction en médecine générale car son état n’évoluera favorablement que s’il est orienté vers un CSAPA ou une structure d’addictologie équivalente.

 

L’étude suédoise publiée dans Alcohol & Alcoholism est ainsi un brin provocatrice. Il s’agit d’une étude randomisée réalisée sur des patients avec critères CIM-10 de dépendance à l’alcool. Les patients étaient orientés soit vers un généraliste ayant eu une formation d’une journée sur la prise en charge de l’alcoolodépendance, soit vers un centre d’addictologie. Les auteurs ont comparé entre les deux groupes le niveau de consommation d’alcool des patients après 6 mois (critère principal), mais aussi d’autres indicateurs comme la sévérité de la dépendance, la fréquence des jours de forte consommation, ou encore la qualité de vie et le niveau de satisfaction des patients. A 6 mois, aucune différence significative n’a été constatée entre les deux groupes. Des analyses complémentaires ont montré que les seules différences entre MG et service d’addictologie concernaient les patients avec niveau sévère de dépendance à l’alcool.

 

En conclusion, un médecin généraliste seul en cabinet, ayant reçu une formation minimale de prise en charge de l’alcoolodépendance, et motivé pour prendre en charge les patients, est aussi compétent qu’une structure spécialisée en addictologie pour améliorer le niveau d’usage d’alcool de patients avec une dépendance à l’alcool de niveau léger ou modéré.