Une appli contre le cancer du poumon

Des chercheurs français misent sur un questionnaire en ligne pour diminuer le nombre de morts dus aux tumeurs pulmonaires.

Tabac

C’est une appli qui pourrait sauver des vies. Des vies de fumeurs, que leur tabagisme expose à un risque élevé de cancer du poumon (50 000 nouveaux cas par an). « Toussez-vous depuis plus de trois semaines ? », « Etes-vous essoufflé ? », « Ressentez-vous des douleurs dans une épaule ? », ou encore « Avez-vous perdu du poids récemment ? » : en répondant à 16 questions simples sur leur mobile, les utilisateurs pourront savoir s’ils doivent se rendre d’urgence chez un pneumologue pour des examens approfondis. Nommée SmokeCheck, cette application devrait en effet aider à repérer le plus tôt possible les symptômes caractéristiques de la présence de tumeurs broncho-pulmonaires. Un outil à la fois innovant et prometteur, qui fera l’objet d’un essai à large échelle à partir de l’automne – essai dans le cadre duquel cette appli sera mise à disposition gratuitement du grand public.

Un cancer dont on peut guérir

Aujourd’hui, le cancer du poumon reste le plus souvent découvert bien trop tardivement. Ce retard au diagnostic en fait un redoutable tueur, à l’origine de près de 30 000 décès par an. Pourtant, lorsque la tumeur se trouve repérée à un stade très précoce – 2 ou 3 centimètres de diamètre au plus – elle peut être éradiquée dans 90 % des cas. « Malheureusement, les fumeurs ne connaissent pas les signes de la présence d’une lésion cancéreuse. Nous voyons parfois arriver en première consultation des patients qui crachent du sang depuis plusieurs mois ! », regrette le créateur de SmockeCheck, le Dr Fabrice Denis, oncologue-radiothérapeute au Mans (Sarthe) et chercheur associé au CNRS.

Ce médecin n’en est pas à son coup d’essai : il a mis au point une autre application pour repérer très tôt les rechutes chez des patients déjà traités pour un cancer du poumon. Ses derniers résultats, présentés il y a quelques semaines lors du congrès de la Société américaine d’oncologie clinique (Asco) à Chicago, ont montré un allongement de sept mois en moyenne de la survie des malades bénéficiant de ce suivi. L’idée d’étendre cet outil aux fumeurs lui est venue après avoir découvert une expérience menée récemment au Royaume-Uni. « Une campagne dans le métro de Londres indiquait simplement : vous êtes fumeur, vous toussez depuis trois semaines, consultez !, se rappelle Fabrice Denis. Sur ce seul symptôme, les Britanniques ont réussi à augmenter le taux de détection de cancers opérables de 20 %. » D’où l’espoir qu’en repérant un plus grand nombre de différents signaux évocateurs de la maladie à l’aide de l’appli, il sera possible de faire mieux.

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