Mieux gérer ses émotions réduit le risque de suicide chez les patients alcoolodépendants

La prévalence vie entière des tentatives de suicide chez les patients alcoolodépendants est élevée. Elle est comprise dans la littérature entre 14 et 44%, et 7 à 18% de ces patients décèdent par suicide.

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La prévalence vie entière des tentatives de suicide chez les patients alcoolodépendants est élevée. Elle est comprise dans la littérature entre 14 et 44%, et 7 à 18% de ces patients décèdent par suicide. Plusieurs facteurs de risque non spécifiques de cette population sont retrouvés : le sexe, l’âge, le faible statut socioéconomique, le faible étayage social, une affectivité négative, les antécédents familiaux de suicide, ou les comorbidités psychiatriques. D’autres facteurs sont plus spécifiques : âge de début des consommation précoce, quantité d’alcool consommée importante, rechutes et polyconsommation. Enfin, le suicide chez les patients alcoolodépendants parait dans les études être influencé par les symptômes dépressifs et anxieux.

 

Le déficit dans le traitement des émotions est également évoqué comme facteur prédicteur de tentative de suicide par certains auteurs. Le comportement suicidaire apparaitrait ainsi comme la conséquence d’une incapacité à tolérer ou moduler une expérience émotionnelle négative. De nombreuses pathologies psychiatrique fréquemment associées au trouble d’usage d’alcool comportent cette dysrégulation du traitement des émotions et cette intelligence émotionnelle est également altérée chez les patients alcoolodépendants.

Il parait donc intéressant d’évaluer cette composante de gestion des émotions chez les patients dépendants à l’alcool car sa prise en charge pourrait permettre d’améliorer le pronostic de ces patients et de réduire le risque de tentative de suicide.

 

Les auteurs ont recruté 80 patients chez qui ils ont évalué le niveau d’intelligence émotionnel global ainsi que les antécédents de tentative de suicide. Après avoir pris en compte les facteurs de risques déjà connus, ils ont mis en évidence une corrélation significative entre tentative de suicide et déficit de régulation des émotions. Ils proposent également un modèle ou la régulation émotionnelle jouerait un rôle de médiateur entre les tentatives de suicide et le neuroticisme du patient.

 

En conclusion, ils soulignent l’importance d’aborder la question des habilités émotionnelles chez les patients alcoolodépendants en particulier pour ceux à risque suicidaire. L’évaluation de cette composante pourrait permettre proposer des stratégies thérapeutiques adaptées et de réduire le taux de tentative de suicide liés à un déficit de traitement des émotions dans cette population.

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