La 8 ème édition du « Mois sans tabac » est en cours, Philippe Arvers, addictologue, tabacologue, nous partage sa vision sur cette opération de santé publique et le rapport au tabac en France… Regard d’expert !
Le rapport au tabac évolue-t-il en France ?
La consommation de tabac (cigarettes, cigares, tabac à rouler) diminue en France ! Les causes sont multifactorielles : paquet neutre, consultations en tabacologie, Mois sans tabac, augmentation du prix. L’ensemble de ces actions montrent leur efficacité et influent sur cette désaffection pour le tabac. Pour autant le chiffre d’affaires de l’industrie du tabac reste constant. « Big Tobacco » se tourne depuis 4 ans vers des produits de compensation : tabac chauffé et cigarettes électroniques (20% des ventes) contrebalancent l’équation. En France, on observe aussi l’arrivée sur le marché du « tabac sans fumer » (le snus), des sachets de nicotine qui se diffusent dans la bouche).
Quelle est votre vision du Mois sans tabac ?
Lancé par Santé publique France, le ministère des Solidarités et de la Santé, en partenariat avec l’Assurance maladie, depuis 2016, ce sont plus d’1 million de personnes qui se sont inscrites à ce défi national. Les personnes se sentent épaulées, moins seules. Cette opération bénéficie d’une organisation bien huilée. Kit téléchargeable sur le site web dédié, inscription au 39 89 (Tabac info service) pour un suivi par des tabacologues, relais présents en régions : en Auvergne Rhône-Alpes, l’Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé (IREPS-ARA) et l’Institut de tabacologie Auvergne Rhône-Alpes proposent des webinaires pour les professionnels de santé et des réunions d’information pour tout public). Je ne fume plus !, le groupe Facebook géré par Françoise Gaudel, soutenu par Addict’AIDE, animé par des patients experts intensifie ses actions durant ce mois. La mobilisation est forte autour de cette opération de santé publique !
Quels vos conseils pour l’arrêt du tabac ?
3 étapes clés :
- Planifier l’arrêt, essayer d’anticiper et de choisir une date hors des périodes les plus à risque de consommation (fêtes, nouvel an, vacances, anniversaires…).
- Consulter un professionnel (addictologue, tabacologue) : prendre rendez-vous pour une consultation multiplie par 2 les chances d’arrêt.
- Évaluer le parcours : sevrages antérieurs, dépendance à la nicotine, mais aussi comportementale et psychologique.
Les moyens de substitution, est-ce une bonne chose ?
Selon le niveau de dépendance nicotinique, je propose à mes patients des substituts autorisés et remboursés comme les patchs, comprimés et pastilles, et si besoin la vapoteuse (dont l’usage ne déclenche pas de combustion et donc aucune production de monoxyde de carbone). La vape et les substituts peuvent être associés. Si le risque zéro n’est pas avéré concernant les effets de la vape, elle reste un outil de réduction de risques qui doit toutefois être transitoire (par exemple 3 mois à 1 an). Et bien entendu il ne faut pas fumer en même temps !
