On a peut-être trouvé pourquoi certaines personnes fument et d'autres pas

Des chercheurs français annoncent avoir découvert comment agit, dans le cerveau, le gène à l’origine des très grandes inégalités observées face à l’addiction tabagique.

Tabac

Alcool, tabac, cannabis, etc. Sans doute est-ce injuste mais c’est ainsi: nous ne sommes pas, loin s’en faut, tous égaux face aux addictions. Mais les découvertes des biologistes moléculaires qui expliquent ces inégalités pourraient, bientôt, permettre de progresser dans la lutte contre les dépendances et l’obtention de leur sevrage. À la veille du prochain «Mois sans tabac», une équipe de chercheurs français dirigée par Benoit Forget et Uwe Maskos (département des Neurosciences, Institut Pasteur de Paris) annonce dans la revue Current Biology un résultat spectaculaire dans la dépendance au tabac.

On sait que la quasi-totalité des fumeuses et fumeurs de tabac sont atteints d’une affection de longue durée: une maladie chronique à très fort taux de rechute, c’est aussi la première cause de morts prématurées évitables –chaque année 80.000 en France et sept millions dans le monde. On sait aussi que c’est la nicotine qui est le principal composé psychoactif du tabac qui est responsable de cette addiction. Le mécanisme principal est connu: la nicotine se fixe sur les récepteurs nicotiniques présents dans le cerveau, déclenchant ainsi l’activation des circuits moléculaires cérébraux dits «de la récompense» et favorisant du même coup une sensation fugace de bien-être –ou de compensation d’un manque.

Mais les généticiens et biologistes moléculaires sont allés plus loin dans l’intimité des mécanismes de ces récepteurs composés de cinq «sous-unités». La consommation de tabac d’un individu est fortement liée à la sensibilité de ces récepteurs nicotiniques et, ces dernières années, plusieurs études de génétique humaine de grande ampleur ont montré qu’une mutation présente dans le gène CHRNA5 codant pour la «sous-unité α5» des récepteurs nicotiniques était associée à une augmentation significative du risque de tabagisme. Cette mutation est très présente dans la population générale (environ 35% des Européennes et Européens en sont porteurs et jusqu’à 50% de la population au Moyen-Orient).

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