Parcours de consommation d’alcool chez les patients porteurs du VIH

Les personnes souffrant d’une infection par le VIH sont particulièrement exposées aux risques liés à la consommation excessive d’alcool. A consommation égale, leur alcoolémie est majorée, en particulier en l’absence de traitement de l’infection.

Alcool

Les personnes souffrant d’une infection par le VIH sont particulièrement exposées aux risques liés à la consommation excessive d’alcool. A consommation égale, leur alcoolémie est majorée, en particulier en l’absence de traitement de l’infection. De plus, l’existence d’un trouble de l’usage d’alcool (TUAL) réduit la capacité à engager des soins du VIH sur le long terme. La consommation d’alcool favorise l’engagement dans des conduites à risques de transmission virale, et aggrave la toxicité hépatique des antiviraux. Enfin, chez les patients porteurs du VIH, l’alcool vient aggraver d’autres comorbidités comme l’hypertension artérielle et le diabète, aggrave le risque d’accident vasculaire cérébrale, et le déclin cognitif. L’objectif de cette étude était de décrire les trajectoires de consommation d’alcool dans une cohorte de personnes vivant avec le VIH et de déterminer les prédicteurs cliniques et sociodémographiques de chaque trajectoire.

Cette cohorte prospective concernait 7906 patients dans 7 centres de cliniques et de recherche sur le SIDA aux États-Unis. La consommation d’alcool était catégorisée en : nulle, modérée, ou excessive. Les facteurs prédictifs analysées étaient : l’âge, l’ethnicité, les symptômes dépressifs ou anxieux, la consommation de drogues illicites (opioïdes, méthamphétamines, cocaïne et crack), la consommation de cannabis, l’infection par le virus de l’hépatite C (VHC), les facteurs de risque de transmission du VIH, et le stade de progression de la maladie VIH. Les trajectoires et prédicteurs ont été stratifiés sur le sexe.

 

Sept trajectoires de consommation d’alcool ont été identifiées chez les hommes :

  • Chez les hommes initialement non consommateurs, stabilité de l’abstinence (71% d’entre eux) ou augmentation de la consommation (29%)
  • Chez les hommes initialement en consommation modérée d’alcool, stabilité de cette consommation modérée (59% d’entre eux), diminution de la consommation (21%), ou majoration des consommations qui deviennent excessives (21%)
  • Chez les hommes initialement en consommation excessive d’alcool, stabilité de la consommation excessive (75 % d’entre eux) ou diminution de la consommation excessive (25%)

Ces trajectoires étaient semblables chez les femmes, sauf pour la trajectoire d’augmentation des consommations d’alcool chez une femme initialement en consommation modérée. Les hommes et les femmes plus âgés étaient plus susceptibles d’avoir une abstinence stable d’alcool, tandis que les hommes plus jeunes étaient les plus susceptibles d’augmenter leurs consommation (qu’ils soient initialement en consommation nulle ou modérée) ou de poursuivre une consommation d’alcool excessive. Les minorités, les personnes présentant des symptômes de dépression ou d’anxiété, les personnes co-infectées par le VHC et les utilisateurs de drogues injectables étaient les plus susceptibles de diminuer leurs consommations d’alcool. L’usage de drogues illicites était associé à une réduction de la consommation globale d’alcool, tandis que l’usage de cannabis était associé à une stabilité des consommations modérées ou excessives.

Les trajectoires longitudinales de consommation d’alcool chez les patients porteurs du VIH sont hétérogènes, qui vont de consommation qui restent stables, notamment chez les patients qui ont tendance à manifester le moins de comportements à risque, à des augmentations de consommation chez les patients qui s’exposent le plus à des situations à risque ou certaines comorbidités.

Avec l’allongement de l’espérance de vie des personnes porteuses du VIH, le risque d’augmentation de la morbidité et de la mortalité liées à l’alcool a augmenté et met en lumière la nécessité d’intégrer le dépistage systématique et les interventions en routine concernant la problématique de l’alcool dans les soins primaires du VIH.

 

Par Nicolas Cabé 

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