Potentiel d’abus du Kratom et implications en terme de régulation

Kratom est le terme le plus courant aux États-Unis pour désigner les feuilles et leurs extraits issus de l'arbre Mitragyna speciosa présent en Asie du Sud-Est, en Malaisie et aux Philippines. Le kratom contient de nombreux alcaloïdes, certains d’entre eux produisant des effets physiologiques et comportementaux.

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Kratom est le terme le plus courant aux États-Unis pour désigner les feuilles et leurs extraits issus de l’arbre Mitragyna speciosa présent en Asie du Sud-Est, en Malaisie et aux Philippines. Le kratom contient de nombreux alcaloïdes, certains d’entre eux produisant des effets physiologiques et comportementaux. Il est utilisé en Asie du Sud Est depuis des siècles pour la cuisine, cependant son usage le plus important repose sur la consommation sous la forme d’extraits de thé ou de mastication de feuilles afin d’améliorer l’humeur et le bien-être ainsi que le soulagement de douleurs lors d’un effort physique. Au milieu du 20ième siècle, en Asie du Sud Est, l’usage du kratom s’est développé comme substitut pour les opioïdes concernant des troubles comme la diarrhée, la toux, la douleur, les affects dépressifs et pour améliorer les symptômes de sevrage opiacé chez des patients dépendants. Sa consommation s’est ensuite étendue en Europe et aux Etats-Unis.

Afin d’aider à déterminer les mesures de régulation à adopter aux Etats-Unis, des auteurs ont évalué le potentiel d’abus du kratom à travers une analyse de 8 facteurs : 1) le potentiel réel et relatif d’abus, 2) les données pharmacologiques disponibles, 3) les données scientifiques actuelles concernant le produit ou d’autres substances, 4) l’histoire et les pratiques actuelles d’abus, 5) la portée, la durée et l’importance de l’abus, 6) les risques éventuels en termes de santé publique, 7) le potentiel de dépendance psychique ou physiologique 8) si la substance est un précurseur d’une substance déjà réglementée.

Au total, le kratom a certains effets opioïdes, mais un risque faible de dépression respiratoire et d’abus par rapport aux opioïdes mésusés habituellement. Cela semble lié à sa structure chimique récemment considérée comme un agoniste biaisé des récepteurs opioïdes mu. Depuis le début des années 2000, l’utilisation du kratom s’est répandue aux États-Unis comme un remède naturel pour améliorer l’humeur et la qualité de vie ainsi que comme un substitut aux opioïdes sur ordonnance et illicites pour la prise en charge de la douleur et le sevrage d’opioïdes. L’étude n’a pas retrouvé de danger documenté en terme de santé publique qui justifierait une réglementation urgente et une interdiction pourrait même s’avérer délétère.

Ainsi, pour les auteurs, bien que le kratom semble posséder des propriétés pharmacologiques qui justifient un certain niveau de réglementation, son interdiction aux Etats-Unis serait plus à risque de créer des problèmes de santé publique, problèmes qui n’existent pas actuellement. Une réglementation appropriée par la FDA apparaît cependant indispensable afin de garantir une utilisation adaptée et sûre.

Par Louise Carton

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