Qu’est-ce que le «chemsex» ?
C’est l’utilisation de produits psychoactifs dans un contexte sexuel. Cette alchimie entre les «chemicals» (ou «chems») et le sexe a été nommée initialement par les usagers eux-mêmes, majoritairement gay, par la contraction «chemsex». Sur les sites et les applications de rencontre, les connectés à la recherche de sessions sexuelles en général groupales se reconnaissent par les termes «PNP» (Party and Play), «plan planant», «plan def», «plan sous chems», «plan slam»… Il me semble que cela désigne une forme hardcore, fixée et sous-communautaire d’un comportement vieux comme le monde : «performer» sa sexualité avec des produits «aidants» ou censés aider. Comme le disait un patient, «le chemsex, ça commence au bal populaire du samedi soir où l’on boit des coups pour pouvoir en tirer après».
En quoi ces drogues agrémenteraientelles plus la sexualité que les produits courants comme le poppers et l’alcool, ou plus classiques comme la cocaïne et l’ecstasy ?
On peut rajouter à votre liste la méthamphétamine – le crystal -, la kétamine ou le GHB. Ces familles de molécules principalement synthétiques, à l’exception de l’alcool et la cocaïne, sont de longue date dans les cultures sexuelles des gays à des niveaux d’usage très variés. L’irruption il y a dix ans des «cathinones» dans l’offre proposée par les trafiquants semble avoir boosté l’usage du chemsex en le généralisant bien au-delà des pratiques fétichistes où il était initialement confiné. La cathinone est le principe actif du khat, plante naturelle au pouvoir désinhibiteur mâchée autour de la péninsule arabique. Elle a été reproduite artificiellement, donnant naissance à un groupe de drogues de synthèse : les cathinones. Concoctée par des chimistes pour cumuler les effets de la cocaïne et ceux de l’ecstasy, la méphédrone, première cathinone de synthèse, a connu un engouement considérable dès 2008. Gloire éphémère car dès 2010, le repérage en Angleterre de premiers cas de décès ou de grande dépendance ont conduit les autorités européennes à classer ces dérivés, puis toute la famille des cathinones, en stupéfiants. Cela a réduit un moment l’offre, qui est depuis repartie de plus belle avec un grand nombre de dérivés bravant l’interdiction.
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