DROGUES / Les overdoses touchent des personnes bien insérées

A Paris, une unité spéciale de la brigade des stups enquête sur les morts par overdose. Alexandre Kauffmann, reporter, a suivi leur travail pendant un an.

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A Paris, une unité spéciale de la brigade des stups enquête sur les morts par overdose. Alexandre Kauffmann, reporter freelance, a suivi pendant plus d’un an ces policiers. De son immersion, le journaliste a tiré un récit digne d’un polar : « Surdose » (Editions Goutte d’Or, février 2018)

Comment avez-vous approché les policiers du groupe Surdoses ? Vous ont-ils facilement accepté ?  

Alexandre Kauffmann : Pour mon précédent roman (1), j’avais suivi le 1er District de Police judiciaire, un groupe qui intervient dans les beaux quartiers de la capitale. Un policier m’avait alors parlé de l’unité « Surdoses ». J’ai demandé à la suivre, d’abord pour écrire un reportage. Cela a pris un peu de temps car c’est un univers assez fermé, mais au final, les sept policiers ont accepté. Selon eux, les « crapauds » – c’est ainsi qu’ils désignent les suspects car ils répètent « quoi ? quoi ? » – ne risquaient pas de lire la presse. Une fois mon article paru, j’ai pu revenir et rester plus longtemps avec eux .

Très vite, ils m’ont fait confiance, j’étais étonné. Ils m’ont donné carte blanche. Lors de leurs interventions, ils me présentaient comme un stagiaire ou un collègue. Au cours d’une enquête, la sœur de la victime me posait des questions auxquelles j’étais bien incapable de répondre ! Les dealers interpellés se demandaient pourquoi je restais là à les observer avec mon carnet, c’était presque burlesque. Les policiers m’ont même laissé participer à une intervention en banlieue dans un bar à chicha, fruit de longs mois d’enquête.

Quel intérêt avait cette unité à s’ouvrir ainsi à un journaliste ?

Cette brigade est la vitrine la moins controversée des stups car elle ne fait que rarement appel aux indics. C’est aussi la seule à avoir des relations avec les victimes, le travail des policiers présente un aspect social.

Ne craignaient-ils pas que leurs méthodes soient dévoilées ?

Non, car les types qui se font prendre par les stups ont de toute façon accès à la procédure. Personne ne sait mieux qu’un voyou comment les flics travaillent.

Qui sont les victimes d’overdoses ? Quelles drogues sont en cause ?

En presque trente ans, la donne a beaucoup changé. Dans les années 1990, on comptait 150 morts par overdose chaque année à Paris. Dans la grande majorité des cas, les victimes étaient des marginaux héroïnomanes.