Vous l’ignorez sans doute mais à l’heure même où vous lisez cet article, une réunion aidant ses participants à se libérer de la cocaïne ou de liens affectifs toxiques se tient à deux rues de chez vous. Et le même scénario se déroule à Rennes, à New York ou à Delhi.
Bien sûr, de ces groupes basés sur le modèle des Alcooliques anonymes, vous entendez de plus en plus souvent parler: dans les films, au cinéma (cf. le bouleversant La fête est finie de Marie Garel, sorti début mars) et dans les séries télé (cf. Les Sopranos), car de nombreux personnages se coltinant des problèmes d’addiction s’y retrouvent. Mais ces programmes dits de douze étapes ayant la singularité, dans une époque exhibitionniste, de prôner l’anonymat, leurs membres n’en claironnent pas l’existence.
Il n’empêche. À ce jour, on compterait près de 200 types de programmes allant desÉmotifs anonymes ou Boulimiques anonymes aux Joueurs anonymes. Près de 20% de ces groupes sont dédiés à la lutte contre l’addiction à une substance, tandis que 80% se consacrent à toutes sortes de problèmes comportementaux.
Dans les pays anglo-saxons, leur hégémonie dans le traitement de l’addictologie est évidente. Fondé en 1935 à Akron, Ohio, par Bill Wilson (alcoolique devenu sobre grâce à sa rencontre avec un autre alcoolique initié à un travail de groupe), le mouvement s’est développé de manière spectaculaire. En 2016, le nombre de réunions hebdomadaires était estimé à 117 748, dans environ 180 pays (www.alcooliques-anonymes.fr/reunions-du-monde). En France, malgré une certaine résistance idéologique, 600 groupes hebdomadaires AA sont proposés (www.alcooliques-anonymes.fr) ; quant aux Narcotiques anonymes (www.narcotiquesanonymes.org), qui ont une approche plus globale de la dépendance, on compte 133 réunions en France, et 67 000 réparties dans 139 pays.