TABAC / Comment les cigarettiers ont dicté leur loi aux gouvernements

Un livre révèle l’ampleur de la manipulation des parlementaires par le lobby cigarettier. Espionnage, fichage, faux rapports d’impact : son influence semble sans limites. Et cela a fonctionné. ›

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Une enquête quasi policière sur les traces des cigarettiers actifs dans les coulisses des gouvernements belges successifs pour mieux défendre leur business : c’est ce que livre aujourd’hui l’expert Luk Joossens.

Se basant notamment sur 1.500 documents internes secrets que la justice américaine a forcé les producteurs de tabac à dévoiler, l’expert, qui a travaillé pour le Crioc puis pour la Fondation contre le cancer, dévoile comment l’industrie agit en sous-main pour manipuler le débat parlementaire et retarder l’application de loi qui protège la santé au lieu de leur part de marché. Son livre, La guerre du tabac en Belgique, qui fait le buzz en Flandre depuis 6 mois, sort aujourd’hui en français. Le Soir en livre aujourd’hui des extraits en exclusivité.

Bien sûr, une industrie a le droit de s’organiser en lobby, de veiller à la défense de ses intérêts, de faire entendre sa voix dans le débat parlementaire. Mais l’enquête de Joossens révèle que les cigarettiers vont bien au-delà. Ils tiennent par exemple la plume quand il faut rédiger le projet de loi qui invente la courtoisie : les fumeurs étaient censés s’abstenir en présence de non-fumeurs. Et la fumée s’arrêter miraculeusement au milieu des salles de restaurant. La ministre qui soumet le texte, c’est Miet Smet, ministre du Travail dans le gouvernement Dehaene 1. Mais elle n’a rien écrit elle-même, le texte lui a été fourni clé sur porte par les « hommes du tabac ».

Aucune vérification de l’emploi

Ceux-ci n’hésitent pas à espionner les activistes antitabac, en les fichant et en suivant attentivement leurs déplacements. Autre mécanisme épinglé par Joossens, les fausses études commanditées par l’industrie et qui pilotent les décisions des ministres, sans aucune vérification. Pour estimer l’emploi mis en en danger à Spa si l’on interdit la pub tabac sur les F1, perdant ainsi le Grand Prix et ses retombées, l’étude commanditée par les cigarettiers dénombre plus de 1.000 emplois dans une boulangerie qui en compte… 5. Mais aucun député ne vérifiera… avant de permettre à la F1 de garder la pub tabac. Corruption ? Manipulation ? Prise d’intérêts ? Pour le coup, Joossens manque de preuves en béton.

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