Quels bénéfices d’une oxycodone non injectable/non détournable sur l’usage d’opiacés et sur les dommages associés ?

La consommation d’opiacés est une problématique de santé publique majeure, notamment aux États-Unis et en Australie. Une des solutions potentielles pour faire face à cette problématique est la mise à disposition d’une formulation d’opiacés non détournable à libération prolongée.

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La consommation d’opiacés est une problématique de santé publique majeure, notamment aux États-Unis et en Australie. Une des solutions potentielles pour faire face à cette problématique est la mise à disposition d’une formulation d’opiacés non détournable à libération prolongée. L’Australie a été une des pionnières dans ce domaine, avec l’introduction en avril 2014 d’une formule à libération prolongée (à priori) non injectable, qui a ainsi remplacé la formulation antérieure. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’efficacité de cette nouvelle formulation d’oxycodone, à la fois à un niveau de la population générale (niveau d’usage de cette nouvelle formulation en population générale, dommages potentiellement associés, demande de soins associées) et d’évaluer également ces données auprès d’une population plus spécifique de patients présentant un trouble de l’usage de opiacés, susceptibles de mésuser des opiacés, qui ont été suivis avant et après la mise sur le marché de ce nouveau traitement.

 

En se basant sur un large registre de données australiennes (vente, usage, dommages ; suivi avant et après la commercialisation de cette nouvelle formulation), les auteurs de ce travail ont démontré une diminution des ventes de certaines formes d’oxycodone. Il n’y avait pas d’effet significatif constaté au niveau de la population générale en termes de nombre d’overdoses, ou de demande de traitement en lien avec l’oxycodone. Auprès de la population spécifique des patients à risque (personnes s’injectant des opiacés ou personnes suivies dans des salles de consommation à moindre risque ou impliquées dans des programmes d’échanges de seringue), il a été démontré une diminution de l’usage de ces opiacés à libération prolongée par voie injectable, ainsi qu’une absence de transfert vers un autre trouble lié à l’usage de substance (pas de consommation majorée d’héroïne ou d’une autre substance psychoactive).

Si ce travail n’a pas démontré de bénéfice (sur le plan statistique) de l’oxycodone à libération prolongée en population générale, il démontre en revanche les bénéfices de cette formulation à libération prolongée  chez les personnes à risque (personnes s’injectant des opiacés ou personnes suivies pour mésusage d’opiacés)

 

Ce travail montre tout l’intérêt d’une approche substitutive de santé publique, et peut nous faire réfléchir en amont sur les modalités exactes d’autorisation de mise sur le marché de tel ou tel traitement, en prenant en compte notamment le type de formulation à libération rapide ou à libération prolongée, qui expose à un risque de mésusage notamment chez les patients plus vulnérables.

Par Paul Brunault

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