Susceptibilité à la gueule de bois : une affaire de résilience ? Une étude originale d’Alcohol and Alcoholism

Un épisode de gueule de bois correspond à la combinaison de symptômes mentaux et physiques apparaissant le jour suivant un épisode de forte consommation d’alcool, et débutant lorsque la concentration sanguine d’alcool s’approche de zéro. Bien que la plupart des consommateurs d’alcool aient déjà connu cette expérience, une minorité d’entre eux soutiennent être résistants à la gueule de bois malgré la consommation d’une quantité similaire d’alcool.

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Un épisode de gueule de bois correspond à la combinaison de symptômes mentaux et physiques apparaissant le jour suivant un épisode de forte consommation d’alcool, et débutant lorsque la concentration sanguine d’alcool s’approche de zéro. Bien que la plupart des consommateurs d’alcool aient déjà connu cette expérience, une minorité d’entre eux soutiennent être résistants à la gueule de bois malgré la consommation d’une quantité similaire d’alcool.

L’identification de sous-groupes plus sujets à la survenue d’une gueule de bois permettrait d’aider à élucider la physiopathologie des symptômes présentés. Ces différences pourraient être génétiques, physiologiques mais également psychologiques. Par exemple, la susceptibilité à la gueule de bois pourrait être simplement liée à l’interprétation par le buveur du sentiment de bien-être et d’événements indésirables ou à ses capacités psychologiques à rebondir face au stress. En effet, la résilience peut être vue comme un trait permettant aux individus de se remettre du stress et de faire face aux évènements stressants ultérieurs avec optimisme. Les sujets avec des traits de résilience sont considérés comme ayant un meilleur mental et une meilleure santé physique. L’hypothèse a été émise que l’alcool pourrait être considéré comme un événement stressant qui pourrait être mieux géré chez les sujets consommateurs avec des niveaux plus importants de résilience.

Dans ce contexte, les auteurs ont souhaité évaluer si la susceptibilité d’expérimenter une gueule de bois était en lien avec la sensation de bien-être du consommateur et de sa capacité de résilience. Afin de répondre à cette question, ils ont réalisé une étude auprès de 2295 étudiants hollandais, évaluant leurs modalités de consommation au cours du dernier mois et mesurant leur résilience ainsi que leur sensation de bien-être. Le taux d’alcoolémie maximal estimé (e-pBAC) pour l’occasion où la consommation d’alcool était la plus importante au cours du dernier mois a été calculé pour chaque participant. Les données des participants ayant rapporté un épisode de gueule de bois le mois précédent, c’est à dire les sujets dits « sensibles » à une gueule de bois, ont été comparées à celles des sujets dit « résistants ».  Les analyses ont été conduites pour 1) tous les participants ayant atteint un e-pBAC > ou égal à 11% (N=986 avec 16,7% d’entre eux soutenant être résistants à la gueule de bois) et 2) les participants atteignant un e-pBAC > ou égal à 18% (N=480, 16,7% d’entre eux rapportant être résistants).

Quel que soit le seuil considéré, les auteurs n’ont pas retrouvé de différence significative entre les sujets « sensibles » et ceux « résistants » en terme de résilience et de bien-être. Ces résultats suggèrent ainsi qu’avoir une gueule de bois n’est pas seulement l’expression de capacités de coping diminuées face aux conséquences d’une forte consommation d’alcool.

 

 

Par Louise Carton 

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