Dans « Heroin Days », le photographe Yannick Fornacciari raconte sa descente aux enfers de la toxicomanie en images.
Je savais qu’un jour, je deviendrais dépendant. Et pourtant j’ai plongé quand même. Jusqu’au fond.
Aujourd’hui, désintoxiqué et sous méthadone depuis tout juste un an, je raconte mon expérience de toxico dans un livre de photos, Heroin Days. C’est l’histoire de trois années dans l’enfer de la dope, mon autobiographie en images.
Ma première ligne d’héroïne
Quand j’ai sniffé ma première ligne d’héroïne, j’étais à Amsterdam et j’avais 18 ans. J’habitais en France, et je n’avais jamais consommé d’autres drogues à part quelques joints.
Pour des raisons qui me sont un peu obscures aujourd’hui, j’étais fasciné par l’héro. Je n’allais pas très bien à ce moment-là. L’univers qui entourait la dope me séduisait. La musique, la poésie, le cinéma. Je voulais découvrir cette drogue qui ressemble à un rêve, qui permet de s’évader et de mettre tous ses problèmes sur pause. Et à Amsterdam, il y a un dealer tous les dix mètres.
Décrire l’héroïne, c’est comme expliquer ce que c’est qu’un orgasme à quelqu’un qui n’en a jamais eu. C’est impossible. Je n’avais jamais rien expérimenté de tel. La première fois que j’en ai fait, j’étais allongé, incapable de bouger, complètement euphorique. Mon corps était en éruption. L’héroïne est venue guérir l’adolescent fragile que j’étais. Guérir ma tête. Guérir mon corps.
J’étais jeune mais conscient du danger. Je savais déjà, dans un coin de ma tête, que si j’allais trop loin, j’allais devenir dépendant. Mais j’avais besoin de m’anesthésier.
Après ce voyage, je suis revenu chez moi, à Marseille.
En France, je n’avais pas accès à l’héroïne. Je me suis alors mis à la recherche de sa version légale : les opioïdes d’ordonnance. Je faisais du doctor shopping. J’allais simplement voir un médecin après l’autre, prétextant un mal de dos. Avec le temps, j’ai tout goûté : morphine, oxycodone, codéine, tramadol, dilaudid, fentanyl… Puis, un jour, je n’en ai pas pris et suis tombé malade. J’ai réalisé que ma consommation n’était plus un choix, mais une obligation. J’en avais besoin pour être normal.
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