Témoignage : la hyène, la voix de mon addiction

– Allez… un petit verre, juste un seul, ça ne peut pas te faire de mal. Je secoue la tête et bois rageusement le reste de mon cappuccino cul-sec. La voix, personne ne l’entend à part moi, poursuit son offensive.

Alcool

Samedi après-midi ensoleillé. Les pieds en éventail, les jambes tartinées de crème solaire (oups je ferais bien de prendre rendez-vous chez l’épilateur électrique moi), je lis un pendant que l’Enfant s’amuse.

– Regarde maman comment je saute !

– Oui, chéri, je regarde, réponds-je hypocritement sans lever le nez de mon livre.

– Regarde maman comment je tourne !

– Oui chéri, je… mumuré-je en levant cette fois la tête mais pas vers l’Enfant car au même moment, un serveur passe devant moi, sur sa paume parfaitement horizontale un plateau d’où s’élève un longiligne verre de vin blanc, majestueux, cérémonial, promesse d’alanguissement maximal, je ne replonge pas mon nez dans mon livre, je le laisse en l’air comme si je cherchais à humer l’odeur de la tentation, délivrez-nous du mal, amen, je me suis transformée en Dory, le petit poisson à la mémoire qui flanche, mon cerveau s’accroche à la dernière phrase prononcée ou dans ce cas précis, à ce verre de vin qui ne m’est pas destiné.

Parfaitement synchrone, la voix s’élève.

– Allez… un petit verre, juste un seul, ça ne peut pas te faire de mal.

Je secoue la tête et bois rageusement le reste de mon cappuccino cul-sec. La voix, personne ne l’entend à part moi, poursuit son offensive.

– Tu ne bois plus depuis deux semaines… Tant d’efforts, ça mérite bien une récompense.

On dirait qu’elle a décidé de m’emmerder jusqu’au bout, inutile de l’ignorer, ça ne fera que décupler sa détermination, je prépare soigneusement ma réponse.