Sur l’île de Papay, située au large des Orcades, un archipel d’îles elles-mêmes situées au large de l’Ecosse, Rona s’isole, pour de bon, loin de l’agitation de sa terre d’origine, de son environnement familial, et surtout des soirées alcoolisées auxquelles elle ne saurait résister.
The Outrun est le nom d’une bande côtière où le roi Caille, oiseau en voie de disparition, aimerait pouvoir séjourner plus longtemps lui aussi, à l’écart de la civilisation. Rona est chargée d’enquêter sur la présence de ce volatile nocturne en écoutant son chant en pleine nuit.
La jeune femme d’une petite trentaine d’années cherche son refuge de paix pour faire une nouvelle tentative de sevrage alcoolique. Mais même si les tentations sont bien plus rares qu’à Londres où elle a vécu ou sur les Orcades où sa mère “trop“ pieuse vit encore, séparée de son père “trop“ bipolaire, ici à Papay, la solitude, le cocon d’une petite maison balayée par le grand vent, l’air du large, la beauté des paysages, et quelques soutiens bienvenus, hommes, femmes, et phoques, Rona doit gérer les difficultés de l’abstinence.
Ce n’est jamais facile, même avec le temps qui passe, mais c’est de moins en moins difficile, lui explique un vieil habitant de l’île, abstinent, lui, depuis bien plus longtemps.
Rona doit tout de même se débattre avec ses souvenirs : ceux de soirées festives où la consommation d’alcool était une évidence, et son usage immodéré une routine; ceux d’une relation sentimentale avortée par trop d’excès et de souffrances infligées à soi-même et à son compagnon; ceux d’une vie imbibée qui la rendait heureuse malgré les lendemains difficiles chargés de regrets.
Réapprendre à vivre sans alcool, sans ce plaisir de l’ivresse joyeuse, sans ce lubrifiant des relations humaines comme on dit, ce n’est pas un combat gagné d’avance, surtout que Rona part perdante, persuadée qu’elle ne sera pas heureuse, sobre…
A Papay, loin des paradis artificiels, elle s’enivre d’une nature sauvage qui ne demande qu’à être contemplée et aimée pour ce qu’elle est, brute, grande et belle…
Adapté fidèlement du roman de la journaliste naturaliste Amy Liptrot, paru en 2018, The Outrun nous embarque sur cette terre isolée pour accompagner cette jeune femme dans sa fragile reconquête de son esprit et de son corps, tous deux bien trop sollicités et abîmés, parfois contre sa volonté. On aura alors l’occasion de danser avec les vagues, regarder les phoques droit dans les yeux, souffler avec le vent frais, un mug de café chaud dans la main, bien emmitouflé dans un manteau doublé pour nous tenir droit face à l’océan…
Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr
