
Dr Hervé Martini, médecin addictologue et secrétaire général de l’association Addictions France
Bien qu’en recul, la consommation d’alcool reste particulièrement élevée en France. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), un adulte sur trois en France consomme de l’alcool au moins une fois par semaine et 7 % des personnes majeures en consomment quotidiennement, soit cinq millions de personnes. Une régularité qui entraîne une forte dépendance physique et psychique et peut également favoriser l’apparition de maladies graves (cancers, maladies neurologiques, maladies du foie…). Pour autant, l’alcoolisme n’est pas une fatalité et de nombreux traitements sont accessibles pour soigner cette maladie.
« La première chose à faire, c’est une évaluation médicale, psychologique et sociale, pour ensuite construire un plan de soin personnalisé avec le malade », informe le Docteur Hervé Martini, médecin addictologue et secrétaire général de l’association Addictions France. « Il est avant tout primordial de connaître l’objectif du patient : souhaite-t-il réduire sa consommation et en avoir une qui soit contrôlée ? Ou bien souhaite-t-il une abstinence complète de consommation ? Car cela entraîne un accompagnement différent et notamment sur le plan médicamenteux », prévient le spécialiste.
En effet, en cas de dépendance à l’alcool, l’arrêt brutal de consommation, le sevrage, peut provoquer différents symptômes comme l’anxiété, l’irritabilité, l’insomnie mais aussi des sueurs, des tremblements, des nausées, et même des hallucinations, des crises d’épilepsie et de delirium tremens pour les cas les plus graves. Le malade reçoit donc systématiquement, dans un premier temps, un traitement aux benzodiazépines pour limiter les syndromes du sevrage, avant de se voir prescrire de l’acamprosate ou de la naltrexone pour faciliter le maintien de l’abstinence. Pour les malades qui souhaitent une simple réduction de consommation, ils existent aussi des médicaments à base de baclofène ou de nalméfène pour accompagner cette diminution.