Un déconfinement sous le signe de l’alcool et du tabac

Lundi 11 mai, premier jour de déconfinement pour la population française. L’heure est à la prudence, nous ne sommes pas encore sortis de l’épidémie de Covid-19 et des comportements responsables sont attendus : respect des distanciations sociales, port du masque, interdiction de se rassembler à plus de 10 personnes. C’est sans compter l’appel irrésistible de l’apéro ! 

Alcool

A Paris, le long des berges et du canal Saint Martin  bouteille et verre à la main pour célébrer ce premier jour de « liberté » et profiter du soleil pour se retrouver. Ils sont délogés par les forces de l’ordre et le ministère de l’Intérieur interdit désormais la consommation d’alcool sur les quais de Seine et sur le canal Saint Martin.

Autre scène au Perthus dans le Midi, village à cheval entre France et Espagne. Plus d’une centaine de personnes font la queue chez les bureaux de tabac  afin d’acheter des cigarettes moins chères ; les frontières étant fermées jusqu’au 15 Juin. Les ventes de cigarette ont par ailleurs augmenté en France de 23% entre mars et avril ce qui découle d’un report des achats transfrontaliers dû au confinement. La réouverture des frontières devrait entraîner mécaniquement une baisse des ventes en France par la suite.

A quoi peut-on attribuer ces comportements ? L’alcool est par essence sociale et la joie des retrouvailles après ces deux mois de confinement a forcément incité certains d’entre nous à se revoir autour d’une bouteille de vin ou de quelques bières. Pour le tabac, l’argument économique prévaut, les fumeurs n’ayant pas pu se rendre au Perthus durant le confinement.

Qu’est-ce que ces comportements peuvent dire de notre rapport aux substances légales. Y a-t-il une perception moindre de la dangerosité pour que l’on s’y précipite si vite ? Pourquoi tant de personnes bravent-ils des dispositifs de santé publique ?

Ces questions sont l’occasion de rappeler qu’une politique de santé cohérente en matière d’addiction est impérative. Cela passe par une harmonisation fiscale entre pays européens pour l’alcool et le tabac, mais aussi par le changement des représentations que nous avons de ces produits. L’alcool est en effet perçu comme un produit festif et ses dangers en sont par conséquence minimisés. Quant au tabac, il est encore trop souvent vu comme un moyen de créer des liens, et notamment pour les jeunes. Lutter contre ces deux lobbys et mettre en œuvre des programmes de santé efficaces redeviennent des priorités maintenant que le déconfinement a commencé.

Pour en savoir plus, voir le post Linkedin de l’ANPAA publié sur le sujet