Un dépistage systématique de l’ARN du VHC à l’entrée en incarcération

Résultats d’une étude qualitative parue dans Addiction.

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Le virus de l’hépatite C (VHC) est très répandu en milieu carcéral. En France, on estime que la prévalence du VHC en prison serait d’environ 5%, mais ces chiffres sont bien plus élevés dans d’autres pays, à tel point que la moyenne internationale du chiffre de prévalence de l’hépatite C en prison est de 17,7%. Bien que le dépistage et le traitement du VHC soient disponibles dans les prisons, en tout cas dans les pays riches, des obstacles systémiques peuvent entraver la cascade de soins du VHC pour les personnes incarcérées. En France, notamment, la cascade de soins est entravée par la complexité de l’accès aux soins en prison, la multiplicité des équipes, et parfois des défauts dans la transmission des informations entre soignants, et au patient lui-même. L’intervention PIVOT a utilisé un modèle de « guichet unique » (c’est-à-dire un test ARN du VHC au point d’entrée, une évaluation du foie basé sur le Fibroscan®, et un traitement dans la foulée si nécessaire). Cette expérimentation a été menée dans l’équivalent d’une maison d’arrêt de la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Cette analyse a utilisé des enquêtes qualitatives pour comprendre comment l’identification de l’ARN du VHC à l’admission en maison d’arrêt pouvait permettre de réduire les obstacles à la cascade de soins du VHC pour les hommes incarcérés.

Ainsi, vingt-quatre hommes incarcérés et inscrits à l’étude PIVOT ont participé à une étude qualitative ; tous les participants avaient subi un test de dépistage du VHC dans le cadre du programme. Les entretiens ont été réalisés entre novembre 2020 et avril 2021. Les participants ont largement exprimé l’avis selon lequel le test ARN du VHC au point d’entrée était bénéfique pour un engagement de leur part dans les soins. Les tests au point d’entrée étaient perçus comme étant utiles et permettaient de réduire les possibilités d’arbitrage par les agents correctionnels en raison du nombre moins élevé de visites à la clinique pour les tests et les résultats. L’adoption de tests de routine à l’admission en prison a été considérée comme une stratégie importante pour normaliser le dépistage du VHC (et susceptible d’augmenter les voies d’accès au traitement) et a favorisé la motivation des patients à s’impliquer dans les soins.

Cette enquête est encourageante, mais elle ne fournit pas de données quantitatives, qui seront indispensables pour valider si une stratégie de systématisation de la détection de l’ARN à l’entrée en incarcération permet d’améliorer le dépistage, mais aussi le traitement et la guérison du VHC en prison. En outre, il faudra que ce type d’initiatives soit mis en place et évalué dans d’autres pays, et sur une population plus large, incluant notamment des femmes. Si une telle stratégie s’avère efficace, il faudra aussi considérer son bénéfice médico-économique, et voir si elle est adaptable dans d’autres milieux exposés au VHC, en particulier celui de la psychiatrie.

Lien vers l’article original : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/add.16137

Par Benjamin Rolland