Un polymorphisme du récepteur GABA-B est associé à une meilleure réponse au baclofène dans le trouble d’usage d’alcool, une étude publiée dans Addiction.

L’équipe australienne de Paul Haber est celle qui a mené l’étude BacALD, l’un des plus récents essais cliniques publiés sur le baclofène dans le trouble d’usage d’alcool. Cet essai, positif, a été publié dans le British Journal of Psychiatry il y a quelques mois.

Alcool

;L’équipe australienne de Paul Haber est celle qui a mené l’étude BacALD, l’un des plus récents essais cliniques publiés sur le baclofène dans le trouble d’usage d’alcool. Cet essai, positif, a été publié dans le British Journal of Psychiatry il y a quelques mois. Il portait sur des patients dont certains étaient atteints d’une maladie alcoolique du foie. Le baclofène était utilisé aux doses respectives de 30 et 75 mg/j, à visée de maintien d’abstinence.

 

Au sein de 72 des 104 patients ayant participé à l’étude BacALD, les auteurs ont réalisé des prélèvements génétiques et ont testé l’effet d’un polymorphisme génétique situé sur un seul nucléotide (rs29220 pour les intimes) codant pour une sous-unités du récepteur GABA-B, cible de l’action du baclofène. Les auteurs ont regardé si le fait d’être porteur de l’allèle CC était associé à une meilleure réponse au baclofène que le fait d’être porteur de l’allèle G. La réponse était mesurée en risque de rechute (au moins un épisode de consommation), de rechute sévère (au moins 5 verres), ainsi que d’autres critères d’efficacité (nombre de jours de consommation…) ou de tolérance (survenue d’effets secondaires).

 

Les auteurs ont retrouvé que le fait d’avoir un allèle CC était associé à un risque de rechute trois fois moins important en moyenne, que le fait d’avoir un allèle G. Les auteurs ont calculé que dans le sous-groupe de patients porteurs de l’allèle CC, un patient sur trois en moyenne aurait bénéficié de l’effet du baclofène. Par ailleurs, les patients du groupe CC avaient plus fréquemment certains effets indésirables, en particulier les vertiges. Il n’y avait pas de différence sur les taux de rétention dans l’étude. Les auteurs ont testé d’autres polymorphismes mais aucun n’est ressorti de manière similaire.

 

Ces résultats sont une bonne nouvelle pour les utilisateurs de baclofène, qu’ils soient médecins ou patients. Les études de pharmacocinétiques de Nicolas Simon (Marseille) avaient déjà montré qu’à posologies égales de traitement, les concentrations sanguines de baclofène étaient très variables selon les patients, ce qui montrait un premier élément d’hétérogénéité probable de l’effet du traitement. Cette étude montre ce que beaucoup suspectaient : tout le monde ne réagit pas de la même façon au baclofène aussi parce que tout le monde n’a pas le même récepteur GABA-B. S’approche-t-on d’un séquençage génétique avant prescription du baclofène. Peut-être, mais une meilleure réponse dans certains groupes et certains polymorphismes ne signifie pas que le traitement est forcément toujours inefficace chez les sujets qui ont le « mauvais » polymorphisme ».

Benjamin Rolland 

Consulter en ligne