(Via APMNews) Selon les résultats 2021 de l’enquête Eras (Enquête Rapport au Sexe), la prévalence d’infection au VIH est de 22% pour les hommes ayant des relations homosexuelles et pratiquant le chemsex contre 5% pour ceux qui ne le pratiquent pas.
Pour rappel, le chemsex est une pratique qui consiste à associer prise de stupéfiants et rapports sexuels. Cette pratique relativement nouvelle nécessite un intérêt accru afin de proposer des stratégies de prévention adaptées.
A la demande du ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, le professeur Amine Benyamina, Président d’Addict’AIDE a d’ailleurs rendu en mars 2022 un rapport sur le sujet.
Près de 18 500 hommes ont participé à cette enquête. 12 494 ont été actifs sexuellement au cours des six derniers mois et ont fourni des données sur la pratique du chemsex. Parmi cet échantillon, 12% soit 1 512 personnes avaient pratiqué le chemsex.
Les « chemsexeurs » de l’enquête sont plus âgés que les « non-chemsexeurs » (36 en médiane contre 33). Ils vivent davantage dans les grandes villes. Ils sont également habitués à fréquenter les « sex parties » (61% contre 16% des non chemsexeurs) et 92% à fréquenter les applications de rencontre (contre 77% pour les autres).
Les données montrent également que les chemsexeurs se font plus souvent dépister pour des IST (78% ont réalisé un test dans l’année contre 49% pour les autres).
Concernant le VIH, Perrine Roux (INSERM Marseille) précise que : « C’est un point assez intéressant, car si l’on sait que le chemsex est une pratique à risque de VIH, on ne dispose finalement que de peu de données sur la séropositivité VIH chez les chemsexeurs« . La prévalence est beaucoup plus élevée pour les chemsexeurs d’après l’enquête (22% contre 5% pour rappel).
Parmi les séronégatifs, 41% ont recours à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH dans le groupe des chemsexeurs contre 10% pour les non-chemsexeurs. Les chemsexeurs ont aussi des taux d’anxiété plus élevés selon l’échelle GAD, 30% des chemsexeurs ont un score supérieur à 10 contre 24% pour les non chemsexeurs. 3% des chemsexeurs rapporte avoir fait une tentative de suicide contre 1% pour les autres.
« Les services de prévention et de soins doivent s’adapter aux chemsexeurs VIH+, en proposant des services de santé sexuelle et de réduction des risques, ainsi qu’aux fragilités psychosociales de cette population », concluent les chercheurs.
Il faudra aussi penser à une stratégie de prévention globale pour prévenir ces usages et beaucoup insister sur les supports numériques qui sont les outils de prédilection de cette population très connectée.