Les psychostimulants tels que la cocaïne ont été utilisés à des fins de dopage cognitif tout au long de l’Histoire. Actuellement, de nombreux adultes, et notamment des étudiants, mésusent les psychostimulants afin de booster leur cognition. Des études conduites chez l’animal ont montré que de simples doses de méthylphénidate et de cocaine pouvaient améliorer l’apprentissage et la mémoire. Chez l’Homme, les études se sont focalisées sur des tâches évaluant la mémoire rétrospective. Les effets des stimulants sur la mémoire prospective ont quant à eux peu été évalués.
La mémoire prospective est la capacité à se rappeler des actions ou des événements prévus au bon moment ou dans le bon contexte. Alors que le cannabis est connu pour altérer la mémoire prospective, l’effet aigu de la cocaïne est inconnu. De plus, il n’est pas facile de savoir si les changements dans la mémoire prospective représentent des altérations spécifiques dans le traitement de la mémoire ou résultent d’effets plus généraux sur la cognition qui s’étendent sur plusieurs domaines tels que l’éveil et l’attention.
Des auteurs ont donc cherché à évaluer si les modifications de la mémoire prospective induites par la substance psychoactive étaient spécifiques à la mémoire ou associées à des modifications plus générales de l’attention et de l’éveil induites par cette substance.
Une étude menée en cross-over, à 3 bras, contrôlée contre placebo, incluant 15 polyusagers de drogues réguliers, a été mise en place pour tester l’influence de la cocaïne orale et de la vapeur de cannabis sur une tâche de mémoire prospective basée sur l’événement. La performance attentionnelle a été évaluée à l’aide d’une tâche d’attention divisée et l’excitation subjective a été évaluée à l’aide du questionnaire Profile of Mood States.
Les résultats ont montré que la cocaïne améliorait la mémoire prospective, l’attention et l’éveil. La performance moyenne de la mémoire et de l’attention prospective, ainsi que les niveaux d’éveil étaient les plus faibles pendant le traitement au cannabis par rapport au placebo et à la cocaïne. La performance de la mémoire prospective n’était que faiblement corrélée aux mesures de l’attention et de l’éveil.
Ces résultats indiquent que l’amélioration de la performance de la mémoire prospective de la cocaïne ne peut pas être entièrement expliquée par des changements dans les niveaux d’éveil et d’attention, et représente probablement un changement direct dans le réseau neuronal qui sous-tend la mémoire prospective. Ces données nécessitent d’être répliquées afin d’évaluer si les effets renforçateurs de la cocaïne sont généralisables à d’autres domaines, et si d’autres domaines de l’attention jouent un rôle dans ses effets.