3 questions à Vincent Leclercq, qui gère la ligne Chemsex de Aides (KOMITID)

« On fait une confusion assez importante en pensant que ce sont les produits qui sont le problème, alors qu'ils ne sont que les déclencheurs ou ce qui permet de rendre visible des problèmes qui préexistent chez les personnes. »

Autres drogues

À 29 ans, Vincent Leclercq, volontaire au sein de l’association Aides, participe au dispositif d’écoute Chemsex (le fait de prendre des produits psychoactifs dans un contexte sexuel) mis en place par l’association. Les mecs, des gays et des bis pour la plupart, peuvent utiliser ce numéro pour échanger via WhatsApp par message, bénéficier d’une écoute et d’un soutien de la part d’une personne concernée ou tout simplement prendre rendez-vous pour un entretien.

Il y a un peu plus d’un mois, Vincent a publié un message sur le groupe Facebook Info Chemsex (by Aides) pour partager son sentiment, un an et demi après avoir récupéré la gestion de la ligne. Vincent pensait qu’il allait répondre à des mecs en demande d’un numéro pour joindre un dealer ou qui voulaient poser des questions sur leurs pratiques aussi bien sexuelles que quant à leur consommation de drogues. Mais il se consacre surtout à des conversations concernant la santé mentale et l’environnement des usagers. Une phrase résume à elle seule le constat de Vincent : « Nos discussions ne commencent jamais par « tu consommes quoi ? », elles commencent par « parle moi de toi » ». Interview.

Komitid : Qu’est-ce qui vous a donné envie de poster ce message ?

Vincent Leclercq : Bien souvent, quand on parle de consommation de drogues, de situations problématiques de consommation de produits, on fait une confusion assez importante en pensant que ce sont les produits qui sont le problème, alors qu’ils ne sont que les déclencheurs ou ce qui permet de rendre visible des problèmes qui préexistent chez les personnes. Quand j’ai décidé de m’engager sur ce dispositif, je pensais que j’allais faire de la réduction des risques liés à l’usage de drogue sur comment gérer les quantités, les bonnes pratiques de snif, d’injection ou d’autres choses… Alors qu’en fait, pas du tout. Je n’ai quasiment jamais l’occasion de parler de ça. Je parle surtout du vécu des personnes, de leur histoire de vie, de leur parcours, de leurs difficultés familiales, professionnelles, sociales ou amoureuses.

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