Le film que nous propose le réalisateur Stefano Sollima, habitué à la mafia italienne avec une série comme Gomora ou un film comme Suburra, n’est pas vraiment la suite d’un premier volet, sorti sur grand écran en 2015 et réalisée par le réalisateur Canadien Denis Villeneuve, mais plutôt une déclinaison autour d’un même thème : les enjeux économiques et humains de la frontière américano-mexicaine et la guerre que mène le gouvernement de chacun des deux pays concernés avec les cartels qui contrôlent le territoire.
Le film commence avec un passage clandestin de cette frontière par un groupe de mexicains dans lequel se sont introduits des terroristes islamistes. Au même moment se font exploser dans un supermarché côté américain un petit groupe de terroristes, faisant une quinzaine de victimes.
Le gouvernement veut agir vite et de manière radicale. Il décide de classer les cartels mexicains comme organisations terroristes car complices du passage d’islamistes radicaux sur le sol américain. Il confie à l’agent fédéral Matt Graver (présent également dans le premier volet) la mission de tout mettre en œuvre pour qu’une guerre des cartels éclate à nouveau dans une période de relatif apaisement, et ainsi de fragiliser des forces ennemies pour pouvoir reprendre le combat dans de bonnes conditions. L’agent Graver fait appel, comme à son habitude, au sicario Alejandro Gillick (retiré en Colombie) pour monter une équipe et l’aider à kidnapper Isabella Reyes, la fille d’un puissant chef de cartel, et faire ainsi croire à une vengeance du cartel rival.
La mission de kidnapping et d’exfiltration de l’adolescente aux Etats-Unis se déroulera sans accro. La jeune fille pense avoir été sauvée par les américains. Mais la mission suivante, consistant à renvoyer la jeune fille dans le camp opposé après que le foulard rouge ait été agité devant un père tout puissant, ne se passera pas comme prévu. Le convoi est escorté par la police mexicaine, visiblement corrompue, qui se retourne contre les américains. Le carnage qui en découle, dont la DEA sort vainqueur, oblige le gouvernement américain a abandonné la mission pour des raisons diplomatiques, gouvernement qui exige que l’on fasse place nette. Tout doit disparaitre, même la jeune Isabella qui s’est enfuie pendant la fusillade, et est désormais aux mains d’Alejandro, le sicario, qui ne se résout pas à l’éliminer et tentera de la protéger coûte que coûte en tentant de lui faire repasser la frontière vers les Etats-Unis…
Tout le film, ou presque, se passe dans le désert aride et omniprésent qui fait le lien entre les Etats-Unis et le Mexique. Là , une frontière naturelle : le fleuve Rio Grande qu’il faut traverser. On comprend que le narcotrafic n’est plus assez rentable pour que les cartels s’en contentent. Le trafic d’êtres humains prend ici le relais avec les dégâts que l’on sait. La toute puissance des cartels sur le sol mexicain est mise en avant dans ce film sans que l’on n’aperçoive le bout d’un orteil d’un chef. Seules les petites mains obéissantes à la solde des puissants sont de la partie et doivent se salir les mains sans état d’âme. Ca vaut aussi bien du côté des cartels mexicains que de la DEA… La jeune lycéenne mexicaine, si arrogante au début du film car elle connaît la puissance de son père, fait moins la maline au fur et à mesure que sa vulnérabilité est en jeu et qu’elle est confrontée à la violence très concrète inhérente à cette guerre de territoire.
Un autre jeune personnage est présent dans le film, et cette présence prend sens à la fin. Ce deuxième volet voit en effet l’émergence d’un jeune mexicain-américain Miguel, recruté par un cartel pour devenir passeur puis sicario. Gageons que si un troisième volet de Sicario voit le jour, la jeune recrue saura malheureusement se faire une place de choix…