La saison 3 de cette série documentaire est diffusée sur Netflix, et donne la parole, sans commentaire excessif, aux acteurs du trafic et de sa lutte. Les policiers et les trafiquants continuent à jouer au chat et à la souris, et ce quelque soit le produit…
Direction Boston, Massachusetts, pour un premier épisode consacré au trafic de fentanyl… Sur Massachusetts Avenue, que l’on appelle là-bas “ méthadone line “, des usagers partagent un quotidien où l’héroïne coupée au fentanyl fait des ravages… Ce fentanyl débarque sur le sol américain, soit à l’état pur en provenance de Chine ou d’Allemagne par courrier postal, soit ajouté à de l’héroïne brune mexicaine… Mais bien avant d’inonder les rues de Boston ou d’ailleurs, il a dû faire un long trajet. Point de départ : le Sinaloa, région montagneuse du Mexique où la culture du pavot y est traditionnelle. L’héroïne y est préparée, puis coupée au fentanyl, avant d’être acheminée à la frontière américano-mexicaine, à Tijuana en l’occurrence, au nord-ouest du pays, où un passeur prendra le relais pour transmettre le produit à d’autres qui le dispatcheront sur l’ensemble du territoire amricain… Pas de raison ici de moraliser le processus de fabrication, d’acheminement et de distribution de substances qui répondent à la nécessité économique des petites mains du trafic et surtout à une demande des consommateurs… La police et l’armée accomplissent ici un travail intensif et exclusif de traçage du produit en espérant mettre la main sur des quantités suffisamment importantes et se faire croire ainsi que l’impact sur le trafic n’est pas négligeable…
Pour le deuxième épisode, direction Medellin, où l’on fait la connaissance de ceux qui travaillent pour le Clan Del Golfo, un cartel colombien. On attend ici de la marchandise en provenance de la région montagneuse où elle est produite. Il ne s’agit pas d’héroïne, mais de cocaïne… Cette cocaïne, sous sa forme chlorhydrate, c’est-à-dire la fameuse poudre blanche, est le résultat d’un processus chimique à étapes qui nécessite un certain nombre d’intermédiaires… L’armée colombienne a reçu pour mission, elle, de tout mettre en oeuvre pour limiter la fabrication, et elle ne fait pas les choses à moitié. Des missions commando sont envoyées sur le terrain avec pour objectif de détruire des cultures ou faire exploser des laboratoires clandestins. Ca en est presque pathétique tant l’on sait que le combat est vain, et que ce qui est détruit là, repoussera ailleurs…
Retour à Tijuana pour un troisième épisode consacré lui aussi, comme celui qui suivra, au trafic de cocaïne… Des passeurs sont chargés de faire passer des kilos de cocaïne de l’autre côté de la frontière, direction Los Angeles via San Diego ville frontière côté américain. Depuis les attentats de 2001 les contrôles frontaliers sont plus stricts, alors il faut faire preuve d’une extrême prudence et passer aux heures de pointe pour se fondre dans la masse… Les policiers travaillent au feelling, au faciès, à l’humeur, à l’attitude des conducteurs. On part à la pèche au gros avec des chiens renifleurs ou des scanners… A San Diego, les trafiquants vérifient la pureté du produit qui est acheminé ensuite à Los Angeles en voiture. La cocaïne sera alors distribuée dans toute la ville, des quartiers les plus populaires aux quartiers les plus huppés… Pendant ce temps-là la police tente d’empêcher le flux de cocaïne, dont une partie passe par voix fluviale et maritime, de traverser la frontière. Pour cette police des mers, tous les jours se suivent et se ressemblent finalement, à l’image d’une course-poursuite sans fin contre des trafiquants en nombre, bien organisés et ayant souvent quelques longueurs d’avance…
Pour finir, la série documentaire nous fait traverser l’Atlantique direction Rotterdam. Ici le marché est particulièrement concurrentiel et saturé. Le volume de cocaïne qui arrive dans cette ville hollandaise est en forte augmentation ces dernières années, et les dealers sont trop nombreux. Chacun d’entre eux doit se faire sa place et les revenus ne sont pas toujours aussi importants que ceux espérés… Par ailleurs, depuis quelques années, les saisies sont plus importantes et compliquent la tâche des trafiquants mais sans les dissuader, car quand un trafiquant est contrarié par une saisie, d’autres se positionnent sur le marché laissé vacant, et les consommateurs ne sont alors jamais en reste… Ce qui inquiète finalement le plus les dealers, d’après leurs témoignages, ce ne sont pas les policiers mais les concurrents. Nous savons depuis bien longtemps déjà que cette concurrence est source de violence dans un milieu bien plus difficile à cerner qu’avant…