“La mule“ Un film de Clint Eastwood

Ce film du réalisateur américain de 88 ans, sur les écrans français depuis le 23 janvier, met en scène un personnage sensiblement du même âge, Earl, vétéran de la guerre Corée et horticulteur spécialisé dans les fleurs éphémères, les “day lilies“ comme on dit aux Etats-Unis. Son histoire est inspirée d’une histoire vraie, celle d’un homme de 87 ans arrêté par la DEA avec plus d’une centaine de kilos de cocaïne dans le coffre de son véhicule, et condamné à trois ans de prison pour trafic de stupéfiants.

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Ce film du réalisateur américain de 88 ans, sur les écrans français depuis le 23 janvier, met en scène un personnage sensiblement du même âge, Earl, vétéran de la guerre Corée et horticulteur spécialisé dans les fleurs éphémères, les “day lilies“ comme on dit aux Etats-Unis. Son histoire est inspirée d’une histoire vraie, celle d’un homme de 87 ans arrêté par la DEA avec plus d’une centaine de kilos de cocaïne dans le coffre de son véhicule, et condamné à trois ans de prison pour trafic de stupéfiants.

Le film commence en 2006, époque où Earl est au meilleur de sa forme professionnelle. Il fait le beau dans les salons où ses fleurs s’arrachent et où les prix de beauté tombent. Sa réussite professionnelle ne semble malheureusement pas aller de pair avec sa réussite familiale. Earl est un passionné qui néglige sa famille, et va même oublier, presque volontairement, de se rendre au mariage de sa fille, avec qui il sera brouillé encore dix ans après.

On retrouve justement notre horticulteur en 2017. Il est passé à côté du progrès numérique, a regardé le train d’internet embarquer avec lui tous ses clients. Il reste sur le bas-côté à devoir mettre la clé sous la porte, et verser un dernier salaire à ses employés mexicains auxquels il semble très attaché… Brouillé avec sa femme et sa fille, il se rend tout de même à la fête de fiançailles de sa petite fille, mais en ressort sonné après avoir eu droit à une belle leçon de vie de son ex-femme lui reprochant son égoïsme et sa pingrerie. Mais Earl fait à ce moment-là la rencontre d’un ami de sa petite fille qui lui transmet les coordonnées de personnes qui peuvent lui proposer un travail qui rapporte. Le vieil homme, désormais sans le sou, et cherchant à tout prix à se racheter auprès de sa famille, va donc décider de faire “la mule“, c’est à dire le passeur, ou plutôt d’ailleurs le livreur, de cocaïne, entre El paso au sud du Texas et Chicago dans le nord de l’Illinois, et ce pour le compte d’un gros cartel mexicain. Des trajets de plusieurs centaines de kilomètres vont donc être effectués régulièrement avec à bord des dizaines puis des centaines de kilos de poudre blanche. Sa dernière livraison s’élèvera à 305 kilos.

Earl est très vite à l’aise dans ce monde du narcotrafic, qui n’est pourtant pas toujours très tendre avec lui, mais le laisse faire des écarts sur le trajet, pourtant très balisé, car non seulement le vieil homme n’est pas du genre à se laisser impressionné par des sicarios (tueurs) en armes, mais de plus les chemins de traverse qu’il emprunte parfois aident à brouiller les pistes de la DEA dont les agents sont à ses trousses et mettront un temps fou à l’arrêter et à l’identifier alors avec surprise. Earl est bien entendu pour le cartel un passeur idéal car qui ira imaginer qu’un vieil homme, blanc de surcroit, puisse travailler pour un cartel de drogue. Les aprioris ont la vie dure chez ces agents de la DEA qui se trompent systématiquement de cible…

Bien entendu, même si la compassion pour Earl est présente tout au long du film, car l’on voit bien que ses intentions d’enrichissement sont au service de sa famille ou de ses amis du club des vétérans, il est important de rappeler qu’il bénéficie d’un traitement de faveur en comparaison avec les “mules“, hommes ou femmes, travaillant habituellement par les cartels, essentiellement pour passer les frontières, ce qui augmente considérablement les risques. Ces passeurs sont recrutés dans les couches défavorisées de la population des pays d’origine de production et leurs marges de manœuvre sont très limitées, leur famille étant souvent la cible de menaces. Les cartels savent bien malheureusement comment faire pour profiter de ces populations affaiblies financièrement pour les inciter à augmenter la prise de risques en échange de quelques billets de plus…

Ce texte est la version courte d’un article paru dans le numéro #01 de le revue DOPAMINE : www.revuedopamine.fr

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